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Bienvenue sur Ondes et vibrations,  Diplômée en yoga, yoga nidra, yoga thérapeutique, je suis des études de sanskrit. Je propose ici de partager mes connaissances du yoga à travers des articles ou des vidéos de pratique, postées sur ma chaîne youtube.

 

 

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19 octobre 2024 6 19 /10 /octobre /2024 10:14

 

Hamsa upanisad

 

         Voici la Hamsa upanisad, dans la traduction de Jean Varenne, avec les commentaires que j'ai rédigés.

 

Ham Sa, c’est à la fois le mantra naturel du souffle, et aussi le cygne, monture de Brahmâ. Il y a donc un jeu sur la double signification du mot.  En sanskrit cela signifie Je suis lui ce qui se prononce SO HAM qui par le jeu du sandhi devient HAMSA, le cygne. Je laisse donc le HamSa ou SO HAM dans sa forme sanskrite  dans ce texte, contrairement aux traductions de Jean Varenne qui traduit par «  oiseau migrateur » ce qui fausse le double sens de ce mot. Mes commentaires ne sont qu’un point de départ à votre réflexion que guidera votre intuition.

Gautama est un personnage lambda auquel s’adresse Shiva. On suppose donc que cet upanisad est reçu par la Shruti, c'est-à-dire que c’est une connaissance «  révélée ». Nombreux textes indiens auraient été écrits sous la dictée des dieux. Il faut bien sûr y voir là non une mystification, mais au contraire un ensemble de textes rédigés par des êtres complètement réalisés.

 

 

Le Sage Gautama,  s’approchant du seigneur, lui demanda :

1.  Toi qui connais toutes les lois,  toi qui sais toutes les sciences, dis-moi, Seigneur Siva, comment éveiller l’esprit à la connaissance du brahman.

 

Commentaire

Pour loi, il faut se référer au mot sanskrit Dharma. Le dharma est plus un  «  ordre cosmique » qu’une loi humaine. Pour sciences, c’est le mot Vidya, qui est une connaissance acquise, un savoir, un enseignement ;  le mot sanskrit Shastras qui signifie un traité qui contient le savoir et auquel on se réfère sans cesse. Connaissance du Brahma donne en sanskrit le mot :  Brahma+ vidya

 

A quoi Siva répondit :

 

2. Apprends d’abord les lois, assimile à fond l’enseignement du Seigneur à la Lance, ensuite seulement Gautama, je te dirai la Vérité, telle que me la révéla la Déesse de la Montagne. 

 

Commentaire : La déesse de Shiva est Parvati, la parèdre de Shiva. Le seigneur à la Lance ( traduction de Jean Varenne)  est bien sûr Shiva et son trident.

 

3 Cette vérité est secrète, on ne doit pas la divulguer ; je la réserve à l’adepte parfait, dont le yoga fait un écrin digne des joyaux les plus beaux. Elle est la connaissance vraie de  SO-Ham et par elle on obtient d’être libre à jamais.

 

Commentaire : Toujours cette importance de garder secret un enseignement ; pour la simple raison que celui-ci perd de son efficacité si l’on en parle et aussi parce qu’il faut vraiment s’engager dans la voie du yoga pour comprendre au-delà du mental cet enseignement qui purement écrit et non mis en pratique ne présente aucun intérêt. Les upanisad restent des sortes d’aide-mémoire dans lequel tout n’est pas dit.

SoHam est Ham Sa par le jeu du sandhi, (règle de sonorité dans le sanskrit) le A avant le H devient un O. Cela signifie «  je suis lui » ; c'est-à-dire que le yogi s’identifie au Soi, au tout, au brahman.

 

4 Je vais donc te dire ce qu’est cette doctrine et ce qu’est le HamSa et la paraHamsa puisque tu es  un novice maître de soi et voué à l’étude. L’enseignement est qu’il faut méditer encore et encore sur l’Oiseau en répétant sans cesse Ham Sa Ham Sa.

 

Commentaire

Le souffle, symbolisé par Ham Sa, son «  bruit » naturel est le Prana, principe de vie qui anime tous les êtres vivants et assure la vie des trois corps physique, énergétique et mental ce qui est expliqué au sloka suivant. Para signifie suprême. On pourrait traduire par cygne suprême. Autrement dit, lorsque le yogi s’est identifié au HamSa et se trouve uni à Shiva

 

5 Il entre en tous les êtres, le Ham-Sa, l’âtman, et devient présent en eux comme le feu dans le bois de friction, comme l’huile dans le sésame ; savoir cela, c’est vaincre la mort

 

Commentaire : c’est la raison pour laquelle lorsque l’on se concentre sur le souffle, utiliser ce mantra sous une forme ou une autre ( SO HAM ou HAM SA) met en vibration le prana dans sushumna et dans toute la structure énergétique ; pour le yoga, le Son a un rôle capital à travers les phonèmes. La notion de spanda est fondamentale : il faut imaginer que le mantra fait vibrer la structure énergétique en vibrant lui-même. Ce n’est pas une récitation creuse mais une activation de l’énergie. Quand nous-mêmes émettons un son ( vocal, instrument) les molécules d’air vibrent et transmettent le son dans l’espace.

 

6 L’adepte, en premier lieu, prend la posture du lotus et teint le souffle qu’il inspire ; pressant ensuite son anus avec son talon gauche, il fait monter le souffle à partir du centre de la base jusqu’à la porte des joyaux non sans avoir conduit le souffle à tourner par trois fois autour du Svadhisthana ; de la le souffle monte jusqu’à l’anahata et le dépasse gagnant la Vishuddi que flanquent deux balles de chair pareilles aux testicules ; tenant toujours le souffle l’adepte conduite alors l’air inspiré jusqu’à l’ajna-cakra et le Brahmarandhra ; méditant, il réalise enfin qu’il est l’un aux trois lettres, Om. Etre pensée béatitude, au-delà de toute forme.

 

Commentaire : description classique d’un souffle conduisant à la méditation: le centre muladhara, les autres cakras, jusqu’au brahmarandhra. Dans notre série, anuloma viloma rapelle cette technique dans une version de base puisqu’ensuite le souffle redescend, qu’il n’est pas tenu en brahmarandra avant de revenir dans le cœur pour s’y maintenir en méditation uni au Soi.

Etre, pensée, béatitude est l’une des grandes triades du tantrisme : sat chit ananda, qu’on associe à deux autres triades : Iccha, Jnana, Kryia (volonté ou désir, connaissance, action) Manas, Prana, Ojas ( mental, principe de vie, énergie vitale des cakras de la base). On le verra en détail plus tard dans la formation.

 

7 Il est le Ham Sa suprême, resplendissant de la lumière de dix millions de soleils, et par qui toutes choses ont été pénétrées.

 

Commentaire : La lumière est l’un des autres grands attributs de Shiva lorsqu’il se déploie à travers son énergie : son et lumière sont des éléments fondamentaux dans la pratique du yoga et toutes les techniques de yoga mettent en vibration le son et la lumière sous une forme ou une autre. Les deux sons vibrations sous forme d’ondes.

 

8 Habitant désormais dans le lotus du cœur, il y trouve huit incitations correspondant à huit pétales ; le pétale oriental incline aux actions pieuses, le pétale d’Agni, à sommeiller, à paresser, et celui de Yama, à agir avec cruauté ; le pétale de Nirrti incite à mal faire, chez Varuni, la Déesse, git la soif des plaisirs, et chez Vayavi, l’envie de voyager ; le pétale de Soma incline à la sensualité, et celui d’Isana à rechercher les biens matériels ; au milieu du lotus git le dégout qui suit la satiété, et les étamines régissent l’état de veille ; le péricarpe, l’état de sommeil léger et l’androcée, le sommeil profond ; quant à l’état quatrième, le Ham l’atteint lorsqu’il a quitté le lotus ; il va ensuite au-delà même de cet état quatrième lorsqu’en lui s’éteint la résonnance qui circulait dans tout le corps subtil du centre de la base jusqu’au Brahmarandhra, pareille au chant d’un pur cristal. Cette résonance dont on dit qu’elle est le brahman, l’âme suprême.

 

Commentaire : «  désormais habitant dans le lotus du cœur » signifie que le yogi a uni son soi au Tout ; dans le cakra du cœur, il y a un autre centre à huit pétales qui est décrit ici ; tous les possibles sont inscrits sur les pétales. Et très intéressant, on voit que le cakra du cœur est lié aux états de veille, sommeil, sommeil profond et que c’est par lui que l’on peut accéder à l’état quatrième Tuyria, qui transcende les trois premiers états.

La résonance est le Nad, le son originel, au-delà de l’audible qui suppose le sens de l’ouïe et qui n’est pas nécessaire pour lui,  d’où s’est déployé, avec la lumière, tout l’univers et qui est le pranava Om. On sait d’ailleurs que le son ne peut se transmettre dans le vide et c’est ainsi qu’il faut le comprendre.

 

10 De ce mantra, HamSa est le Voyant, le mètre la gayatri, le dédicataire  ParamaHamsa, la semence-verbale, Ham, est la syllabe-semence (bija), c’est Lui, So est sa Shakti (son pouvoir)  et HamSa ( So Ham) la pointe acérée : je suis Lui !

 

Commentaire : lorsque HamSa ou SoHam ne font qu’un avec le yogi, ou le yogi avec lui, l’union s’est réalisée.

 

11 Ce mantra, il faut le répéter vingt et mille six cents fois, en méditant sur les six centres de nuit et de jour ; dédiant cette méditation au soleil et à la lune, au seigneur impassible, et au brahman non manifesté ; on incitera, par ce moyen, l’élément subtil et sans forme qui est au fond de nous.

 

Commentaire : cela montre que le yogi n’est plus dans le faire, mais que le mantra se récite de lui-même à travers lui qui a réalisé l’union. Il n’a plus besoin de le réciter, il l’entend comme une résonnance au gré de ses souffles subtils. La voie de Shiva est accomplie, après qu’il a déjà commencé par la voie de l’individu (il récite le mantra sans cesse toute la journée) puis l’énergie prend le relai, et enfin l’union s’est produite. 21600 fois est le nombre de répétitions par jour ; tout montre que le yogi est donc déjà un yogi réalisé.

 

12 On utilise ce mantra pour les rites d’attouchement, commençant par le cœur, on poursuit sur tous les membres en répétant l’interjection rituelle : vausat pour agni et Soma ;

 

Commentaire : ici, il est question des nyasas, massages énergétiques qui sont faits sans toucher ni la peau ni le corps avec les trois doigts d’une main (trident de Shiva) avec association de mantra. Le nyasa sur le cœur associé à un mantra met en vibration l’énergie en l’associant à la pensée.

 

13 A la fin du rite, on médite sur HamSa niché dans la grotte du coeur, c'est-à-dire sur l’âtman ;

 

Commentaire : on retrouve le cœur du cœur, deuxième centre dans ce cakra du cœur ; il est nommé Hrdaya, ( prononcer Hridaya)

 

14 De cet oiseau Agni et Soma sont les ailes ; Om est la tête dont AUM et le bindu du Om sont les trois yeux  et son visage; Rudra et sa parèdre sont les deux pattes ; telles sont les représentations qu’on utilise dans le rite double effectué à partir de la gorge ; l’union étroite entre le Hamsa et le ParamahamSa (soi et Soi)  s’accomplit en deux temps, l’union duelle et l’union absolue.

 

Commentaire : ce passage très poétique est très explicite. Le nyasa peut aussi s’effectuer sur la gorge ( Vishuddi) pour purifier le centre de la parole et qui est aussi lié  l’éther et au son.

 

15  En conclusion de ce rite, l’ajapa mantra cesse là où commence l’au-delà de la pensée.  (Unmani qui signifie absence de pensée)

 

Commentaire : En sanskrit le «  a » placé devant un nom et appelé privatif annule le sens du nom. A-japa se traduirait par non-récitation. Il n’est donc plus nécessaire de réciter le japa ( HamSa ou Soham) puisque cela se fait maintenant naturellement, l’union étant accomplie de l’âme individuelle avec l’âme universelle.

 

16 On peut aussi réaliser le son en répétant le mantra dix millions de fois ; le son se manifeste alors de dix manières comme suit : on entend d’abord chin, puis en second chini, chini ; la troisième sonorité est celle d’un cloche ; la quatrième d’un conque ; la cinquième d’un corde ; la sixième d’une cymbale, la septième d’une flûte, la huitième d’un tambour, al neuvième d’une grosse caisse, la dixième enfin est celle du tonnerre.

 

Commentaire : chin- chini – ( qu’on prononce tchin-i) est un des sons «  inaudibles » qui rend le corps léger. Ici sont décrites les différentes étapes du déploiement du son.

 

17 Il faut négliger les neuf premières sonorités et concentrer son attention sur la dixième qui est celle du tonnerre.

 

Commentaire : ici, la présence d’un maître pour «  sauter » les 9 premières étapes est nécessaire. Le texte ne le dit pas explicitement bien sûr.

 

18 A la première sonorité le corps de l’adepte sonne Chin Chini ; à la seconde, ceci disparaît ; à la troisième le lotus du cœur est percé ; à la quatrième, la tête tremble, à la cinquième, le palais suinte ; à la sixième, on boit l’ambroisie, à la septième, on voit le mystère,  à la huitième, on entend la parole, à la neuvième, le corps devient invisible, et s’ouvre l’œil divin, sans souillure, il devient le brahman à la dixième réalisant l’union de l’âme et du brahman.

 

Commentaire : sont décrits ici les différents Siddhi ( pouvoirs) atteints dans chaque palier. Les tremblements, le nectar lunaire, le percement du cœur, les pouvoirs de claire vision et claire audience,  la percée du cœur et de Urna, les tremblements, etc  sont des éléments qui reviennent toujours avant la réalisation du Soi et que le yogi doit négliger pour ne pas perdre son objectif qui est précisément cette union.

 

19. Dès lors, et par cela même, le mental individuel est détruit qui est la source des pensées et désirs comme des images et constructions mentales ( sankalpa et vikalpa) ; alors, de la cessation de ces deux activités de l’esprit mais aussi de l’extinction des actes positifs et négatifs, naît la transfiguration du disciple en SadaShiva, ( littéralement le toujours Shiva) le révélateur qui resplendit de la nature de Shakti l’omnipénétrante, qui est par essence splendeur radieuse qui est l’immaculé, l’éternel, le pur et le Om suprêmement paisible.

 

Commentaire : l’influence tantrique est claire dans cet upanisad qui n’a que faire des yama et niyama (préceptes pour accomplir de bonnes actions) puisqu’il s’agit littéralement de transcender l’incarnation ; le mental disparaît au profit d’une transmutation et SadaShiva.

 

 

En conclusion : il est important de garder à l’esprit le rôle qu’un mantra peut jouer dans une pratique même si notre visée, dans nos cours, est bien plus modeste. Il faut aussi penser les mantras en termes d’énergie sonore « vivante » et pas comme des syllabes vides. Vous savez, comme le «  Abracadabra » des contes de notre enfance : le magicien donnait vie à la formule. C’est exactement la même chose avec les mantras. Cela donnera plus de vie et de résonnance à votre pratique !

 

A lire aussi sur ce blog dans la rubrique la minute sanskrit  :  Bija et mantras

Une autre upanisad ( extrait) avec commentaire kundalini upanisad

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11 février 2015 3 11 /02 /février /2015 09:12

 

 

 

Cet article n'a pour but que de donner quelques clés sur l'un des textes de yoga qui peut accompagner une pratique régulière toute une vie.  D'autres articles de ce type sur d'autres textes suivront.

L'étude complète de ce texte est commentée  dans les séries 5 et 6   des   cours par correspondance  que je propose.

 

upanishads-du-yoga-jean-varenne.jpg

La Kundalini Upanishad

 

 

L’upanisad qui porte ce nom est la réunion de trois textes très différents dont seul le premier correspond au titre de l’œuvre.   

Il existe deux traductions en français, l’une de Jean Varenne (1971) et une autre de Martine Buttex, publiée dans un énorme ouvrage qui réunit 108 upanishad.  Elles étaient autrefois en ligne ; elles en le sont malheureusement plus aujourd’hui.

Il est intéressant de lire les deux traductions qui présentent des variantes.

 

Le but que propose cet Upanisad est d’atteindre le Samaddhi, état béatifique dans lequel Shiva (la conscience) et Shakti (l’énergie) sont unies. Shakti étant bien sûr Kundalini, ce mystérieux serpent lové à la base de la colonne vertébrale après qu’elle ait fini son travail de création et qui s’en ira à notre mort en emportant tout car les cakras disséminés le long de la colonne vertébrale seront percés les uns après les autres, le tout bien sûr en un instant fulgurant.

 

Ce texte donne donc les moyens de l’éveiller Avant la mort en utilisant le souffle,  pranayama, qui est la technique la plus importante. C’est par la maîtrise de la rétention que celui-ci peut faire le travail d’éveil.

 

Comme toujours, le texte est obscur volontairement afin que seul les initiés, les pratiquants puissent l’utiliser comme un aide mémoire plutôt que comme un guide que l’on suit à la lettre. Il y a toujours une volonté de rendre les textes flous car la transmission était, dans ces temps reculés, orale, de maître à élève  après que celui-ci ait été accepté. Le secret sur cette transmission était souvent absolu ; des textes ont toutefois été écrits mais de façon  sibylline  pour que le secret reste total.

 

Ce texte décrit sommairement les pratiques nécessaires à la réussite de Samaddhi ; elle rappelle les étapes préliminaires, comment raffermir Saraswati – autre nom de la Sushumna– décrit quatre types de respiration, puis  les bandhas. Puis elle parle des obstacles à la réalisation de ce programme. Elle évoque aussi la montée de Kundalini – qui vient du sanskrit Kundala qui veut dire bracelet, boucle d’oreille, à cause de ses triples boucles et demi  - dans le canal central jusqu’aux mille pétales où elle s’unit à Shiva. Tout le travail qu’on fait en yoga n’est au final qu’un travail préparatoire pour cette union (qui pour la plupart ne se réalise en fait jamais…)

 

 

L’essentiel du texte avec les slokas correspondants :

 

 

C’est le souffle qui active l’ensemble des souvenirs hérités, c’est le souffle qui peut tout changer, c’est ce qui est dit dès les deux premiers slokas et tout le travail du pranayama va être de purifier l’ensemble de ces contenus hérités pour préparer le travail suivant

 

1 : Les deux causes par lesquelles l’esprit fonctionne ou ne fonctionne pas sont d’une part l’ensemble des souvenirs hérités (le karma) et d’autre part l’air qu’on inhale et exhale inconsciemment.

 

2 : Si l’une de ces causes disparaît, toutes deux deviennent automatiquement inopérantes. Il faut donc veiller au «  bon fonctionnement » des deux mais surtout s’efforcer de maîtriser la respiration.

Ce travail suivant, c’est, bien avant de songer à éveiller Kundalini, d’affermir Sarasvatî, c'est-à-dire de préparer Sushumna qui est le canal central dans la structure énergétique, le long de laquelle se trouvent tous les cakras.

 

8 : Si l’on veut réussir cela il faut affermir la Sarasvatî par où montera l’Energie lovée et s’exercer à la tenue du souffle, l’éveil de la Shakti est à ce prix.

 

 

Les Sloka suivants décrivent le travail à faire sur les canaux latéraux Ida et Pingala  pour préparer Sushumnâ – technique de pranayama comme Nadishodana.

C’est la raison pour laquelle on met ce souffle au programme des débutants, car son apprentissage, lorsque l’on est simple pratiquant, est long et difficile. Mais sans lui, il est vain de vouloir viser autre chose. Et on laisse ce souffle longtemps au programme, tant que les canaux ida et pingala ont besoin d'être purifié. Si on pratique une fois par semaine, on le fera donc toute sa vie...

Dans l’idéal d'une recherche de samadhi, il faudrait le pratiquer trois fois trois ghatika au matin, à midi, et la nuit pendant trois mois, soit trois fois 25 minutes fois 3  par jour environ, c'est à dire pendant quatre heures environ. En plus du reste.

On obtient peu à peu la purification que promet ce souffe en le travaillant régulièrement pendant des220px-Sapta Chakra, 1899 mois

Puis le texte dit qu’il faut déjà conduire la Shakti à l’orifice de Sushumna avant de songer à la faire monter. Et là, les techniques pour y parvenir vont être décrites.

A cela s’ajoute le travail sur la triple contraction : gorge, ventre et anus : les trois Bandhas afin que les souffles vitaux ne se dispersent pas n’importe comment

Ces souffles sont les cinq vayus, localisés dans des centres énergétiques et qui régulent différents types d’activités et d’énergie – Prana, Udana, Samana, apana, Vyana

 

Au Sloka 17, un point de repère est donné : l’affermissement de la Sarasvatî s’accompagne de l’audition du son intérieur ; le pratiquant sait donc que lorsqu’il entend un son intérieur en continu qui varie de puissance et peut s’effacer mais s’intensifie dès qu’il pratique, c’est que le travail d’affermissement a commencé :

 

17 : L’affermissement de la Sarasvatî s’accompagne toujours de l’audition du Son primordial et guérit le Yogin.

 

 

Pourquoi la Sushumna ? Parce que c’est la seule qui peut supporter cette montée sans que tout ne soit immédiatement détruit sur le passage de la Kundalini. Elle est faite pour ce passage, et reste vide et creuse avant.

 

Au Sloka suivant jusqu’au 21, sont expliqués qu’il faut combiner différents souffles entre eux dans le calice ( c’est l’endroit où s’effectue la rétention) ; commence le long et minutieux travail de rétention des souffles, dont la visée n’est pas la performance mais un travail d’alchimiste : changer la fréquence vibratoire de toute la structure énergétique, toujours dans le but de préparer Sushumna

Les souffles cités sont :

Le Bhastrika, Shitali, Ujjâyin, et Surya Bedhana peuvent être envisagés avec de longues rétentions seulement après que Sushumna soit préparée

 

 

Puis après cette description au langage caché comme toujours dans ces textes, suit des Sloka très importants :

 

40 : A ces modes de contrôle du souffle

 

41 : Il est bon d’associer les trois contractions musculaires de la base, du volant et du porteur des lacs.

 

42 : La contraction de la base oblige l’Apâna à inverser son mouvement, grâce à une contraction de l’anus.

Les consignes sont claires : faire des souffles ne suffit pas, si les trois contractions ne sont pas ajoutées. On les connaît, ce sont les trois " verrous", les trois bandhas, sans lesquels il est vain de faire de yoga : mulabandha, jalandhara bandha et uddyana bandha : base, ventre, gorge.

Afin, une fois encore d’obliger les vayus à s’unifier ; sans cette pratique et cette maîtrise, éveiller Shakti est possible mais  le résultat totalement illusoire car rien ne sera ni maîtrisé ni contrôlé. Ele s'éveillera peut être mais dans le chaos et le désordre le plus total.

 

 

On comprend là aussi tout le travail à faire sur les vayus qui règlent le corps énergétique.

 

Vient ensuite la description de la montée de Kundalini au Sloka suivant :

 

43 : L’apâna au lieu de descendre, monte et atteint l’endroit où brille le feu intérieur l’amenant à grandir et à s’accroître.

 

44 : Alors, le feu ainsi attisé, uni à l’apana au cours inversé, parvient là où gît le souffle intérieur ; Il s’enflamme et embrase le corps tout entier.

 

45 : L’énergie-lovée, réchauffée par le feu ainsi allumé par le souffle, s’éveille et se dresse en sifflant comme un serpent qu’agace le bâton du charmeur ; elle entre alors dans la Sushumna par son orifice inférieur

 PE013 circulation-prana

 

Dans les slokas suivants – 48 à 50 - des postures sont conseillés pour accompagner cette montée : la posture de la foudre, qui peut être précédée de la posture de la pince, pashimottanasana - à condition de ne pas faire monter Kundalini plus haut que le ventre, car il convient ensuite pour qu’elle continue son ascension à prendre une posture assise

On voit à quel point ces textes s’adressent à des yogis aguerris et pas à de petits apprentis sorciers

Pour le pratiquant plus modeste, ce texte donne des points de repère essentiels pour comprendre sa pratique en profondeur et donner du sens à ce qu’il fait


Puis des souffles à faire ; c’est un véritable «  mode d’emploi » mais bien évidemment incomplet (46 à 55 -

Dans les Sloka suivant,  -56 à 60 - il y a une énumération qui montre tous les obstacles à cette réalisation ;  cela va du manque de fois au manque d’énergie, de volonté, à la dispersion, à l’attachement encore à ce monde.

 

Les Sloka suivant (61 à 69) la montée est décrite, ainsi que le percement des trois granti : Brahma granti, (animalité) Vishnou granti (personnalité) et Rudra granti (conscience)

 

Là, l’ascension n’est pas finie : Shakti boit l’Amrita avant de finir sa course

 

73 : Libre de tout appétit sensuel, ferme en son yoga, l’adepte concentrant son attention sur cela absorbe alors cette ambroisie comme un sacrifiant boit le soma et par là s’établit à jamais dans la conscience

 

Puis, dernière étape pour Kundalini, atteindre le mille pétale ce que décrivent les slokas 74 et suivant

 

Le texte reviendra une fois encore sur cette description comme en concentré et concluera  de façon sublime puisqu’elle montre que l’homme peut échapper à sa condition de Pashu, c'est à dire faisant partie du troupeau. Le troupeau signifiant qu'il suit le mouvement, sans pouvoir rien faire pour allumer ne serait ce qu'une petite lumière pour éclairer sa vie. Il la vit dans un état de nuit totale, ligoté corps et âme par ses granthis, ses vies antérieures, ses conditionnements, son éducation, la société dans laquelle il vit, son héritage génétique, ainsi de suite, sans rien pouvoir faire du tout...

Même si un sur 100000 seulement atteint cet état, ce possible est dans chaque être humain, qui, par un travail sur ses énergies via le yoga ou tout autre outil de son choix, peut cheminer sur un chemin tout autre que celui du conditionnement et de la lente déchéance du corps vers la mort et la maladie. Chaque être humain porte en soi sa part magique et sa part divine ; il ne tient qu’à lui de l’éveiller, mais rien qu’un tout petit peu, pour donner saveur et conscience à son petit tour sur terre et se rappeler son origine divine.

 

74 :L’énergie lovée monte ensuite jusqu’au centre aux mille pétales, elle abandonne alors les huit éléments, l’eau, la terre, l’air, le feu, l’espace, la pensée, l’intelligence, l’ego. S’emparant de la lumière, de la pensée et du souffle, les tenant étroitement embrassés, elle atteint la conscience (Shiva) ; s’emparant enfin de Shiva lui-même, elle se dissout dans le cakra aux mille pétales !

 

75 : alors, à cet instant même, les deux principes fondamentaux de l’individu, l’activité et la lumière se dissolvent à leur tour en Shiva ; se dissolvent aussi les deux formes du souffle vital,  l’inspiration et l’expiration qui ont atteint leur point d’équilibre. Le yogi soudain  devient gigantesque cependant que s’amenuisent en lui les éléments de la personnalité ainsi que la pensée et la faculté de parler.

 

76 : Les souffles s’agitent en tous sens, comme l’or en fusion dans le creuset de l’alchimiste. Le corps grossier se mue enfin en sa forme divine.

 

77 : Débarrassé de toutes entraves, délivrées de l’état de stupeur où le maintenait sa condition captive, le corps subtil resplendit.

 

78 : Il est fait de pure conscience, il est l’essence même de la personne puisqu’il n’est autre que le Soi présent dans tous les êtres.

 

79 : C’est là, dit on, la véritable délivrance qui libère du karma et du temps, apparences pIndeSerpents3.JPGareilles à l’illusion qui fait prendre une corde pour un serpent.

 

 

Afin de bien   comprendre cette fin de texte, il faut être familier avec la philosophie du Samkhya qui considère  l’ego, l’intelligence, la pensée comme des outils au même titre que les sens  qui sont littéralement "abandonnés" avec l’éveil de Kundalini. C'est à dire que la personnalité toute entière est anéantie, elle disparaît.

Tous ces éléments figurent au rang des tattvas.

 

Le texte dit aussi clairement que le Soi est dans chaque être humain, tous sans exception

Autrement dit, une part divine est en chacun des êtres vivants

 

87 c’est cela la vraie délivrance, par elle on échappe au karma et l’on connaît la béatitude !

 

 

 

Le mot de la fin :

 

Ce mode d'emploi en abrégé de l'éveil de Kundalini et que l'on peut trouver en ligne avec les commentaires de Martine Bultex ( traduit de l'anglais)  ouvre la porte sur le merveilleux

Il n'est bien sûr pas question pour l'homme ordinaire de pouvoir réaliser ce programme mais s'il peut déjà éveiller un peu la belle Kundalini endormie dans le premier cakra, il verra sa vie se transformer complètement. 

D'autres parts, ce texte qu'on peut avoir sous la main lors de ses propres pratiques, est à lire et relire jusqu'à le connaître par coeur, parce que ce sont ces textes là, précisément, qui donnent tout leur sens à une pratique personnelle : on comprend pourquoi il faut sans relâche travailler sur ida et pingala, affermir la sushumna, la chauffer, la préparer, faire les verrous, maîtriser les souffles, pourquoi pashimottanasana vient toujours dans les premières postures...

 

Je vous laisse méditer sur ce texte donc voici le lien: 

http://www.lesconfins.com/YogaKundaliniUpanishad.pdf

Vous pourrez télécharger et imprimer le texte pour l'avoir sous la main

 

Ou bien vous procurer celle de Jean Varenne comme l'image ci dessus, traduite du sanskrit et non de l'anglais par lui même

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