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Bienvenue sur Ondes et vibrations,  Diplômée en yoga, yoga nidra, yoga thérapeutique, je suis des études de sanskrit. Je propose ici de partager mes connaissances du yoga à travers des articles ou des vidéos de pratique, postées sur ma chaîne youtube.

 

 

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7 décembre 2024 6 07 /12 /décembre /2024 10:47

 

Les granthis

 

Que sont les granthis ?

 

Le mot signifie en sanskrit «  nœud » ; ce sont des nœuds énergétiques qui sont au nombre de trois ; ce sont aussi les trois rencontres d’une vie  puisque à travers le   nœud de l’animalité,  de l’ego, ou du mental,  si l’on mène une quête spirituelle,  des questions se poseront forcément à nous à travers ces trois rencontres.

Ces boules d’énergie figée, tissées par les nadis qui se croisent à cet endroit et dans lesquels le prana s’est emberlificoté jusqu’à se cristalliser, lient l’individu corps et âme à ce qui a été tissé par le passé, proche ou très lointain, et la marge de liberté est devenu quasi-inexistante parce que ces nœuds ligotent l’individu au sens propre : la vie se passe dans l’inconscience la plus totale, dans la réactivité par rapport à ce qui a été vécu, connu,  et aussi dans l’inquiétude.

 

Le rôle du yoga et du pranayama

 

Mais dès qu’il y a une quête, une recherche, l’individu prend conscience de ces héritages, de quelques natures qu’ils soient, et c’est là que le yoga intervient. Sans même parler d’éveil et de montée de Kundalini, de nombreuses techniques de yoga donnent des outils pour desserrer un peu les nœuds, permettre à  l’énergie de mieux circuler, et à la  conscience lumineuse d’éclairer  ces nœuds, donc tout peut changer.

 

On voit bien qu’il ne s’agit pas ici de faire monter Kundalini pour trancher ces nœuds, ce qui n’est l’apanage que des éveillés,  mais d’utiliser les techniques de yoga pour faire en sorte que le prana se remette à circuler harmonieusement dans ces granthis.

Car c’est avant tout grâce au pranayama ainsi qu’à la méditation qu’on peut agir sur les granthis. Mais que sont-ils exactement ?

 

Description de chaque nœud

 

Le nœud de la base  appelé Brahma granthi représente notre animalité. Situé dans le cakra de la base, il est lié à l’instinct de survie,  la peur de la mort, le besoin de sécurité, d’abri, de consommation sur tous les plans ;  c’est aussi le  lieu l’héritage karmique ou héréditaire avec tout ce que cela implique. On comprend que plus le nœud  est serré, plus les caractéristiques décrites ci-dessus tournent à l’obsession.

 A l’inverse, l’individu peut trouver une forme de paix, de détachement, de confiance si le prana se remet à circuler.

 

 

Le nœud dans le cakra du cœur, Vishnou granthi est celui de la personnalité et de l’égo. Tout le monde fustige l’ego mais c’est ridicule. Ce n’est pas l’homme à abattre. Il s’agit juste de comprendre que l’individu n’est pas lui. Sa personnalité, oui, c’est l’ego, mais c’est uniquement si l’individu s’identifie à sa personnalité  que commencent les problèmes, car en lui-même, l’ego est un bon lieutenant

L’illusion de séparation  - car chaque individu est le reflet du tout et n’en est séparé qu’illusoirement - le pousse à rechercher par-dessus tout une sécurité affective et à développer sa personnalité.

 Quand le nœud se libère, c’est l’amour avec un grand A ;  pas l’amour humain, passionnel, possessif ou inquiet de la perte ; mais l’amour universel, celui des mystiques. En se libérant, en se desserrant, le granthi offre une toute autre compréhension de l’amour qui n’est plus un besoin ou de donner ou de prendre, car le don de soi ne vaut pas mieux que la possession, mais une forme bien plus universelle et libérée de la notion d’individualité.

L’individu se «  désolidarise » de son ego,  réalise qu’il fait partie d’un tout plus vaste que lui, et cette découverte est lumineuse, pleine de félicité. A partir de là, le point de vue change, s’éclaire, s’élargit, et c’est la porte ouverte à une conscience plus éclairée, plus lumineuse, plus intuitive.

 

Le dernier nœud, Rudra Granthi, est le nœud de l’intellect, du raisonnement, des constructions mentales car le monde n’est jamais que la construction mentale de chaque individu, ce qui faisait dire à Maharshi, à chaque visiteur qui posait telle ou telle question. «  Il existe dans votre mental mais vous ne résoudrez pas ainsi la question du qui suis-je ? » Résolvez-là et le reste disparaitra. Il enferme l’individu dans ses propres croyances, conditionnements mentaux dus à son éducation, à la culture de son époque et de la société à laquelle il appartient,  etc. En un mot, l’individu tient dur comme fer à ses propres avis, raisonnements, jugements, points de vue, croyances, constructions mentales.  Sans doute pour se rassurer car tout cela le limite horriblement et l’empêche, sur le plan du yoga par exemple,  d’entrer dans des méditations profondes où la pensée se dissout complètement.

 

Si le nœud se desserre un peu, c’est un océan qui se déverse là, et l’individu gagne un plan humain supérieur sans jugement ; buddhi peut mieux laisser passer sa lumière. La connaissance ne passe plus par l’intellect mais par le cœur car l’intuition s’élève. Il n’a plus besoin d’avoir des pensées, des avis, des raisonnements sur tout qui le rassurent et lui donne l’impression de contrôler le monde. Il n’a plus besoin de penser du tout.

 

En conclusion

 

Comme il est très rare de pouvoir éveiller Kundalini qui tranche les nœuds en s’élevant, différentes techniques de yoga sont proposées pour que le prana circule mieux et que la claire conscience éclaire ces nœuds : c’est déjà beaucoup !  Une vie entière peut changer. L’individu n’est plus ligoté à un destin, une fatalité, mais peut trouver son propre espace de liberté ; il cesse d’être un «  pashu », c'est-à-dire un élément du troupeau humain, sans rien de péjoratif, bien sûr.

Mais il y a une condition : celle de faire sans attente de résultat, car là où il y a calcul, il y a cristallisation de l’intention qui donne précisément le résultat inverse de ce qui est espéré, calculé. C’est difficile. Il faut alors juste s’en remettre à sa propre confiance, faire sans relâche, saisir en même temps la saveur de l’instant et s’abandonner à quelque chose de plus grand que soi, qui s’appelle la grâce.

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 Dans les différentes formations que je propose, de nombreuses techniques sur les granthis, aussi bien en yoga ( école du Nord-Est de l'Inde) qu'en yoga nidra sont proposées.

 

 

 

 

 
 

 

 

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3 juillet 2024 3 03 /07 /juillet /2024 09:39

Un petit audio à écouter pour mieux comprendre la différence entre ces deux propositions  souvent présentées comme identiques.

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1 décembre 2023 5 01 /12 /décembre /2023 11:10

 

Je vous propose en lecture résumée le livre de Mookerjee/Khanna sur la voie du tantra. Si vous souhaitez le lire en entier, vous le trouverez en édition de poche, dans la collection Sagesse édité chez Point. Je l'avais publié en deux articles séparés il y a 8 ans, en un seul article la lecture en est bien plus aisé.

 

Cet ouvrage n'a pas la profondeur de ceux de Lilian Silburn, qui distille dans ses ouvrages non seulement sa connaissance profonde du tantrisme mais laisse filtrer à travers ses mots  son expérience d'initiée, même si à aucun moment, elle ne le dit de façon nette et franche. Ses mots sont vivants parce que sa pratique est réelle ainsi que son éveil. Il en est tout autrement de cet ouvrage qui n'a pas les belles qualités spirituelles ci dessus citées.

Il n'en reste pas moins un ouvrage intéressant à lire, ne serait-ce que pour voir les choses d'un autre point de vue, celui-ci n'entrant pas en contradiction avec les autres ouvrages de cette tradition, mais présentant les choses de façon plus " sèche".

 

 

  la voie du tantra

Introduction

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Définition simplifiée :

Le tantra est un mystère créateur qui nous conduit à transmuter sans cesse davantage nos actions en conscience intérieure : non pas en arrêtant d’agir mais en transformant nos actes en évolution créatrice. Le tantra présente une synthèse de l’esprit et de la matière qui permet à l’être humain de réaliser pleinement ses potentialités spirituelles et matérielles. Le renoncement, le détachement et l’ascétisme par quoi l’individu peut se libérer des servitudes de l’existence et retrouver son identité originelle avec la source de l’univers ne sont pas la voie du tantra. En fait celui-ci adopte l’attitude opposée : non pas un retrait de la vie, mais l’acceptation la plus entière possible de nos désirs, de nos sentiments, et des situations que nous rencontrons en tant qu’êtres humains.

 

Dates

Il est très difficile de dater l’apparition des principes et des pratiques tantriques. On rencontre des symboles du rituel tantrique dans la culture d’Harappa (civilisation de la vallée de l’Indus, troisième millénaire avant notre ère) sous la forme de représentations de postures de yoga et d’objets liés au culte de la Mère et de la fertilité. Il y a une affinité entre les tantras et les védas et des influences mutuelles des uns sur les autres au deuxième millénaire. Puis une évolution tout au long de notre ère avec des influences multiples, (upanishad et autres)

Textes

Des textes ont commencé à être rédigés à l’époque gupta (4ème – 6ème  siècle) et d’autres ont été rassemblés entre le 7ème et le 12ème siècle de notre ère notamment des textes shaiva du Cachemire datant du 9ème et du 10ème siècle. Mais comme écrit plus haut, la pratique existait depuis plusieurs bien plus longtemps (jusqu’à 3 millénaires avant JC). Puis il y eut  des textes plus tardifs (du 15ème  jusqu’au 19ème siècle) Donc beaucoup de traces diffuses et éparses – le tout très difficile à dater. Les tantras sont nommés Agama, Nigama, Yamalas, etc. suivant le mode de présentation choisi.

Sectes :

Plusieurs sectes tantriques  en fonction de la divinité et du rituel. On peut citer :

  1. Saivas : adorateurs de Siva
  2. Vaishnavas : adorateur de Vishnou
  3. Saktas : adorateur de sakti

Ce sont des groupes majeurs qui se divisent eux-mêmes en sous groupes.

Les régions les plus concernées : Assam, Bengale, Orissa, Maharastra, cachemire, contreforts nord ouest de l’Himalaya, Rajasthan certaines régions de l’inde du sud. L’une des sectes Kulachara est censée avoir été fondée par les saints tantriques Natha (Adinât, Gorakshanath, Matsyendrasanath…)   ( Note de moi-même, c’est à cette école ( et non secte !) que se rattache notre pratique de yoga.

Légende :

Les lieux sacrés parurent au gré de la dispersion de la malheureuse première compagne de Shiva, Sati, dont le corps tomba en morceaux peu à peu.  Tel le temple Kamakhsya de Kamrupa dans l’Assam.

Largeur de vue :

Le tantra qui est avant tout une voie pratique de réalisation, a adopté diverses méthodes pour répondre aux besoins de différents adeptes, de conditions et de capacités multiples. Bien que le but soit le même pour tous, chacun a la liberté de suivre le sentier à sa façon. Une telle liberté ne siginifie pas une simple négation des limites, mais une réalisation positive, source de joie pure, de telle sorte que la connaissance universelle devient ce qu’elle est, connaissance de soi.

Dans cette optique, les tantras ont développé une structure théorique et pratique, à la fois spirituelle et physique, permettant d’accomplir les objectifs de la vie. Il est important de dire que le tantra s’est développé en dehors de la société établie. L’approche tantrique de la vie est antiascétique, antispéculative et entièrement dépourvue de clichés perfectionnistes conventionnels.

Principes de bases  et finalités:

Ils peuvent être exposés en partie du plan cosmique pour arriver au plan humain, ou en partant dans l’autre sens. Pour les tantras, ce qui est dans l’un est dans l’autre, ce qui est en haut et en bas, donc le sens n’a aucune importance. Ce qui est fort pratique car cela veut dire qu’en partant d’une réalité pratique, concrète, on peut remonter jusqu’au plan cosmique, ce que ce propose de faire les pratiques tantriques. Ce peut être un travail sur le corps, un rituel, la visualisation de yantras, mandalas, divinités, la répétition de bija-mantras.

Toutes ces pratiques n’ont qu’un seul but : l’éveil et la réalisation de la vision de l’unité.

Philosophie simplifiée :

La réalité est un tout indivisible : Shiva-Shakti. Ils ne sont des entités séparées que sur le plan relatif, Shakti actualisant sans cesse la conscience et déployant les mondes successifs. L’individu qui est intégré à ce système cosmique détient le pouvoir de s’unifier avec la conscience. La manifestation se fait sur un plan duel – masculin/féminin symbolisé par Purusha/Prakriti. Ils ne sont que deux aspects d’un seul principe. L’objectif du tantra est donc de réaliser cette unité en soi, en unissant les contraires. Dans l’expérience de l’unité, Ananda est ressentie. Elle est toujours recherchée. Le culte du féminin rendu dans les pratiques tantriques vient du fait que la femme est vue comme l’incarnation  de Shakti et est investie de tous les aspects de la vie.

Les trois gunas : 

La conjonction des opposés est source de félicité et débouche sur la spontanéité primordiale. Dans cet état harmonieux, Prakriti, la nature, est composée de trois gunas en parfait équilibre, on ne peut donc les discerner. Dans leur état manifesté ils sont :

  1. Sattva  - essence - est la tendance ascendante orientée vers l’unité et la libération,
  2. Rajas,  - énergie – est la tendance tourbillonnante qui donne l’élan de toute force créatrice
  3. Tamas, - masse – est la tendance descendante ou centrifuge, la source de la décomposition et de l’annihilation.

Lorsque le monde se met en branle on peut dire que:

  1. Tamas est l’énergie magnétique
  2. Rajas l’énergie cinétique
  3. Et Sattva l’énergie équilibrante à mi chemin des opposés.

Si ces énergies sont équilibrées, il n’y a ni mouvement, ni manifestation, ni flux, seulement immobilité perpétuelle. Mais dès que l’univers se déploie, il se projette sous forme vibratoire.

Connaissance scientifique

Le tantra a intégré la totalité des connaissances scientifiques traditionnelles en mathématiques, astronomie, - rotation de la terre sur son axe, calcul de la distance moyenne des planètes à partir de la théorie du mouvement équilinéaire, etc – physique. Ces découvertes provenaient de  visions intuitives,  de pratiques et d’illuminations yogiques, et d’une intense observation des phénomènes naturels, sans le recours à une expérimentation conduite selon les méthodes modernes.

Ces connaissances   ont amené les yogins à affirmer que le soi extérieur est seulement une petite projection du soi intérieur. Un vaste réservoir de forces latentes attend d’être découvert. Le corps humain est un véhicule au moyen duquel l’énergie psychique dormante, Kundalini Shakti peut être éveillée pour s’unir finalement à la conscience cosmique, Shiva.

 

Rôle des mantras et des yantras

Dans la philosophie tantrique, tout est observé sur le plan de la vibration. Ainsi le mantra est-il une mise en vibration d’une certaine qualité d’énergie via des bijas - des phonèmes - qui eux même mettent en vibration des centres énergétiques dans l’être humain, qui eux-mêmes permettent à l’individu d’entrer en vibration avec l’univers. Le son joue un rôle fondamental dans les pratiques tantriques, celui entendu sur le plan manifesté et celui « non frappé »

Le plus connu étant le AUM d'où découle tout l'univers sur son plan manifesté. Lire sur ce blog l'histoire du AUM

Le yantra a la même finalité sauf que la vibration est obtenue par des schémas symbolisant la structure vibratoire de l’univers à travers des formes géométriques simples.Certains mandalas combinent ces formes simples en schéma d'une haute complexité; ce sont toujours des " visions" mises sur le papier.

Les deux sont des ponts, des passerelles et ont leurs correspondances les uns dans les autres. Ils sont des puissants supports pour éveiller la conscience, à travers la mise en vibration d’une certaine forme d’énergie – une fois de plus à travers eux ce sont l’union Shiva/shakti qui est recherchée.

Art

L’art tantrique  - il serait d’ailleurs plus juste de parler d’iconographie pour toutes les représentations visuelles - est une métaphysique visuelle. La notion d’esthétisme participe du plan divin ; la vibration esthétique puissante est indissociable de la forme spirituelle.  En langage plus simple, fond et forme ont autant d’importance l’un que l’autre et du tout naît le beau.  Ce beau à vocation de :

 - Restituer l’expérience de l’unité pour permettre une mise vibration du  « spectateur » ;  grâce à l’extase esthétique, si elle surgit, le spectateur ressentira peut être, au moins temporairement, cette unité.

Si l’on prend la danse, art et  rituel se rejoignent et  le danseur en se reliant au plan divin, agit sur le public un peu comme un yantra. Il permet au public de se relier à son tour, et donc d’entrer en contact avec la réalité transcendantale. Et là encore de ressentir l’unité.

- Soit de construire au fur et à mesure de la méditation cette expérience d’unité qui se révèle au fur et à mesure, le dessin accompagnant, reflétant et conduisant tout à la fois cette expérience.

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Le yantra

 

C’est une pure configuration géométrique. Certains sont élaborés par étape au cours du processus de la méditation comme expliqué plus haut. D’autres servent de support, de guide pour la méditation.

Certains yantras représentent des divinités ; non pas que les Tantriques croient en tel ou tel dieu, non. C’est une façon de  représenter symboliquement des qualités de l’ énergie via  ces divinités.

D’autres yantras sont  des modèles énergétiques du cosmos.

 

Comme pour le mantra, c’est à la vibration que s’intéressent les tantriques car c’est un principe cosmologique primordial, d’où proviennent toute  structure et tout mouvement. Si nous pouvions passer derrière les apparences, nous verrions des structures statiques comme des modèles vibratoires.  Ils révèlent différents degrés de la réalité qui implique le cosmos, l’infini, le temps, l’espace, le jeu de la polarité. Dès lors qu’on interprète l’infini en termes finis, on est obligés d’exprimer l’illimité de façon relative, en créant des modèles mathématiques d’espace virtuel.

Le point zéro/ Bindu

La représentation minimale de la conscience omnipénétrante est le point mathématique de dimension zéro, bindu, placé au centre du yantra. Bindu est le degré ultime de puissance auquel une chose ou une énergie puisse être condensée. «  Au-delà des  tattvas est le Bindu »

 

Les autres formes :

  1. Le cercle met en contact avec  l’unité, le carré avec la qualité matérielle de la nature, le triangle avec  toutes les triades qui sont au cœur de la pensée tantrique – mondes, gunas, tattvas, etc -,
  2. Le triangle pointée vers le bas est Shakti et vers le haut Shiva, imbriqués, c’est l’union de Shiva/Shakti, réunit par leurs sommets, c’est le tambour destructeur de Shiva, ainsi de suite…
  3. La projection du symbole est souvent directe, hardie de telle sorte que même une petite miniature peut ouvrir les portes de l’esprit.

Selon le TantraRaja tantra, il existe 960 yantras, dont le plus célèbre est le Sri Yantra qui a dû être conçu très anciennement et transmis à travers les siècles. Le Kamakalavilasa en a révélé la nature, la signification, la construction et l’application et l’on trouve également la description de sa structure dans le Saundaryalahari, traditionnellement attribué à Shankara.

C’est une figure formée par la rencontre de 9 triangles avec cinq tournés vers le bas et 4 vers le haut, centré autour du Bindu. Dans ce yantra s’inscrit la création, car ce point est la suprême Shakti qui croit et prend la forme d’un triangle, puis arrive la polarité puis deux points supplémentaires pour former une triade. C’est le désir originel dans le processus créateur, signe d’évolution, et qui représente le principe de la création.

A partir de là s’opère tout le processus créateur qui part du plan le plus subtil pour aller au plan vibratoire plus grossier, ces mots n’ayant aucune connotation péjorative puisqu’ils traduisent juste ce processus créateur. Sont associés des lettres de l’alphabet sanskrit, puis d’autres figures découlent des 9 triangles  et ainsi de suite jusqu’à décrire toute la création du cosmos. Ce yantra comme la plupart  des mantras – voir tous –  a été élaboré à partir de révélation intérieure et non pas avec des calculs mathématiques.

Dans les traditions tibétaines, ce sont plutôt des mandalas qui jouent le rôle des yantras. Le disciple apprend à intérioriser lui aussi le mandala, chaque étape de l’intériorisation correspondant à une progression intérieure vers l’unité.

 

Corps subtil et sa représentation

Les centres énergétiques les plus importants sont représentés comme des lotus, dont la symbolique montre qu’avec l’éclosion la condition de base qui est ignorance et obscurité peut être dépassée dans un sublime déploiement d’énergie et de conscience. Chaque centre énergétique a un certain nombre de pétale, le dernier étant le Saharasha, le lotus aux mille pétales. Dans le cakra de la base, la Kundalini-Shakti endormie qui a fini son travail de création, dort sous la forme d’un serpent  qui se mort la queue, enroulé trois fois et demi sur lui-même, autour d’un linga. L’énergie qui irradie de ces centres est représentée par une spirale.

Quand à la pure conscience, elle est représentée dans l’absence de formes mais le champ est saturé de couleurs.

 

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28 novembre 2023 2 28 /11 /novembre /2023 16:18
Formations de yoga en ligne issu des écoles natha.

 

Le Natha yoga

 

Le yoga que je transmets par correspondance est influencé par le tantrisme car il se rattache à la tradition des Natha-yogins. C’est-à-dire ???? Quelques points succincts d’explications !

 

Le tantrisme,  apparu  vers le 5ème siècle  dans le nord-est de l’Inde s’est largement déployé  jusqu’au 12ème siècle. Il a intégré différents élèments au fil du temps d'autres courants philosophiques, et notamment ceux du shivaïsme du Cachemire.

Le shivaïsme est une vision de l'univers dans lequel Shiva et Shakti sont deux principes égaux. Issus d’un tout originel, ils sont deux jumeaux : l’un conçoit et l’autre réalise. L’un n’est pas soumis à l’autre puisque les deux sont issus de Parashiva.  En termes plus philosophiques, Shiva est la conscience pure tandis que Shakti est le pouvoir dynamique de cette conscience. Ils sont deux aspects d'une même réalité. Tant que ces deux aspects ne sont pas nés, l’univers n’est pas et « n’est-pas n’est pas. »  Ce yoga a donc développé des techniques pour éveiller Kundalini,   qui n'est rien d'autre que l'énergie Shakti lovée dans chaque être humain - et/ou/ pour travailler sur la structure énergétique à partir du corps physique en utilisant énormément de techniques, pas seulement des postures et du pranayama, mais aussi des yantras, mudras, mantras, nyasas, et tout un panel de concentrations pour conduire à la méditation pure... le but étant d'unir kundalini/shakti à la conscience Shiva, pour retrouver l'unité et transcender l'univers. Programme pour des yogis aguerris, mais la grâce peut toucher n'importe qui un jour ou l'autre....

 

1. Puisque tout est dans tout, et que tout est issu d’un principe unique, la philosophie tantrique insiste sur le fait de ne rien rejeter, de ne pas faire de clivage net et strict entre le bien et le mal avec des recettes toutes faites. (D’où l’absence de yama et niyama dans ces écoles qu’on trouve dans le yoga de Patanjali ) ; avec un travail sincère, régulier, constant, ardent, les plus belles qualités s’éveilleront d’elles-mêmes : amour, compassion, honnêteté, toutes ces qualités ne doivent pas être recherchées pour les mérites qu’elles sont supposées donner, mais parce que par la pratique du yoga, la purification du corps, des énergies, du mental, l’être est débarrassé de ce qui est sombre, pesant, et s’allège vers la lumière, le divin, grâce à son corps physique.

 

2. Car autre chose essentielle, le corps n’ est  pas un obstacle à la libération qu’il faut dominer à coup d’ascèse, de lavement, de purification, de mortification, et d’actions pour s’attirer des mérites,  mais un temple dans lequel l’expérience de l’illumination peut être vécue «  en direct » loin des constructions intellectuelles. Des techniques précises et nombreuses  peuvent permettre de vivre dans son propre corps cette quête et sa réalisation. Certes, beaucoup d'appelés et peu d'élus, mais une fois encore, ne pas négliger la grâce!....

 

 

3. Ces écoles de yoga insistent aussi beaucoup sur la notion de «  rasa » c'est à dire de saveur, et d’indépendance personnelle, tout en cultivant Iccha, Jnana, Kryia qu’on pourrait traduire par volonté-désir, connaissance, action. Il ne s’agit pas de « profiter de la vie » en étant totalement passif, mais le tantrisme ne croit ni à l’ascèse, ni à un code de conduite qu’il faut absolument respecter pour faire le bien et acquérir des mérites pour une prochaine vie. Le tantrisme pense d’ailleurs qu’on a qu’une seule vie…

 

4. La relation à la mort et à la souffrance est particulière : puisque tout est souffrance, puisque tout est soumis à la destruction, puisque rien de ce qui est créé ne dure, autant savourer le chemin tant qu’on le peut, même dans les moments difficiles ; impossible direz-vous ? Et bien selon les Natha et leur école de yoga, il est possible malgré tout de trouver ponctuellement de la saveur, même dans de toutes petites choses ;  et même si c’est très ponctuellement – vous êtes malade et vous savourez un rayon de soleil, ou le bruit de la pluie, ou un oiseau qui vient chanter près de la fenêtre, ou la présence d’un ami qui vous rend visite. Cette notion est capitale. D’autres écoles de philosophie en parlent aussi, bien sûr, mais l’outil « yoga » permet de trouver une certaine stabilité, ce qui permet de traverser les tempêtes de la vie en gardant le cap.

 

 

5.  Cette école porte un regard différent sur la solitude ; souffrance et solitude sont le lot de millions de gens, même s’ils vivent en famille ; en revanche, trouver le bonheur, la saveur, sentir une légèreté d’être  n’est pas courant et cette façon de vivre, de sentir, coupe des « autres » qui souffrent, et renvoie à une solitude totale. Car il y a peu de monde avec qui partager cette vision du monde. Vous essayez et on vous parle d'un film de Ken Loach. Vous réessayez, et on vous parle de la guerre actuelle ( il y en a toujours une quelque part) Accepter d'être seul, pleinement, avec cette vision et cette volonté de vivre et sentir sa vie, son chemin, n’est pas chose simple. Être heureux isole. Il suffit de regarder la production artistique de ces deux derniers siècles : quelles œuvres parlent en profondeur du bonheur ? De la joie ?  Très peu.  Aussi, les individus trouvent plus facile  de   s’interdire le bonheur, car les 3 quarts de l’humanité souffre et souffrir aussi permet de ne pas s'exclure… il suffit d’écouter les infos pour s’en rappeler si on l’oublie. Mais on peut aussi faire le choix de ne pas écouter. Cela ne veut pas dire une fois encore qu'on vit frivole et insouciant, mais qu'on a choisi "la saveur" qui change tout : la saveur du monde passe par la beauté de l'univers, par la bonté des êtres humains ( il y en a plein), par la vibration profonde qui est la vie.

Les Nathas proposent docn d’aller à contre-courant, non pas pour cultiver son égocentrisme et son plaisir immédiat sans se soucier d’autrui, mais pour qu’au-delà de toute cette souffrance, il y ait la possibilité de choisir de goûter la saveur quand elle se présente et de rendre son chemin plus léger,  car le choix appartient à chacun.

 

 6. Cette école insiste  également sur les trois états qui sont veille, rêve, sommeil, et l’état qui englobe les trois. Il s’agit donc de garder un fil de conscience continue quoiqu’on fasse et même en dormant.  C’est le propos des techniques de yoga Nidra, du pranayama, de certaines méditations. Au-delà, c’est le 5ème état et la fusion avec le tout, car cette branche du yoga est mystique.

 

 7. Enfin, une triade est au cœur de cette école : //, Iccha, jnana, kryia – déjà citée //, manas, prana, ojas  - mental, principe vital, énergie vital  //. Sat, chit, ananda  - être, conscience, félicité- Elle sous-tend toute la pratique de yoga et de la vie quotidienne.

 8. Cette triade se prolonge dans les trois voies, qui ne sont pas des voies séparées, car elles se rencontrent parfois ; la première, c’est lorsque l’individu initie l’action, la seconde, lorsque l’énergie prend le relais, la troisième, lorsque la volonté personnelle est remplacée par la volonté universelle….

 

Ces points de repère sont bien sûr présentés le plus simplement possible. Chaque formation en ligne vous permet d'entrer dans le monde des natha-yogins.

 

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Il existe actuellement 5 formations

 

  • la plus complète et la plus difficile en 4 ans. Elle peut être faite dans le but d'enseigner mais pas forcément.
  • Une plus accessible en deux ans qui reprend en partie le contenu de la formation sur 4 ans.
  • Une pour les personnes qui n'ont pas de temps ou commencent très tardivement ; elle est ludique et se décline en 12 leçons;
  • Une de yoga-nidra, qui permet d'entrer dans cette branche très particulière du yoga.
  • Une post formation en 9 séries, pour ceux qui ont déjà fait du yoga et veulent découvrir cette école ou bien consolider leurs connaissances pratiques et théoriques

 

Car toutes ces formations proposent : de la théorie et de la pratique

sous forme de fichiers audio et de vidéos explicatives.

 

Plus d'infos sur mon site art et yoga

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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17 janvier 2022 1 17 /01 /janvier /2022 11:46

 

 

Aujourd’hui, quelques mots sur Rudra, un dieu très ancien qu’on utilise beaucoup en yoga thérapeutique, soit pour conserver la santé, soit pour la restaurer si une maladie survient. On comprendra mieux à la lecture de cet article pourquoi,  dans la tradition tantrique, ce dieu est dévolu à la santé. Bien sûr, on ne «  croit » pas aux dieux, dans ces pratiques de yoga, mais c’est ici toute la symbolique qui est utilisée, car les trois «  koshas » en yoga sont parcourus par des courants d’énergie qu’on peut harmoniser.

 

Il semblerait que Rudra  soit une forme très ancienne de Shiva qui au fil du temps va complètement le «  digérer » au point de le faire disparaître. Pourtant, c’est bien lui qui opère dans les protocoles de yoga thérapeutique. Cela se passe sur un plan symbolique dans lequel l’imagination a une très grande place.

 

L’étymologie du nom est compliquée car la racine sanskrite est très incertaine qui va de « rud » à «  raud » en passant par «  rukh », signifiant tour à tour pleurer, hurler, ou rouge, brillant. Ce dieu est fréquemment mentionné dans le rig veda, l’un des quatre grands vedas, texte «  fondateur » révélé par la Sruti, c'est-à-dire par l’audition, environ 1500 ans avant notre ère. Ainsi, Rudra signifierait le «  hurlant », le «  terrifiant », le «  rugissant » ce qui s’explique aisément car ce dieu est craint des rishis (sages) eux-mêmes.

Mais il y a une foule d’autres explications étymologiques ; je ne vous ai donné que les plus courantes, c’est dire que Rudra ne se laisse pas si facilement définir !

 

 

Comme pour les épithètes homériques qui accompagnent les dieux grecs tels que  « Athéna aux yeux de chouette » ou «  l’aurore aux doigts de rose », Rudra en possède lui aussi de très nombreux ; en voici quelques uns commentés :

  • « l’archet aux mille yeux » Archet, (sarva). Pourquoi l’archet ? Les sanskritistes expliquent que «  sarva », la flèche, peut être prise sur le sens symbolique car elle apporte la mort au «  pashu » au bétail, c'est-à-dire aux humains.
  • On le désigne aussi comme «  celui aux cheveux emmêlés », c'est-à-dire qui garde une nature indomptable, sauvage.
  • Il est aussi le gardien du troupeau, pashupati,  le pashu (bétail)  étant le pauvre mortel pris dans la ronde sans fin des incarnations ; Rudra en est le «  pati », le gardien.

 

Quant à  ses mille yeux, ceux-ci sont terrifiants car ils peuvent foudroyer sur place quiconque le défie. On retrouvera cette particularité plus tard dans le 3ème œil de Shiva qui peut même anéantir l’univers.

Rudra est associé au feu et il semblerait qu’il ait fini par éclipser Agni lui-même, l’ancien dieu du feu,  ce qui va avec l'étymologie qui signifierait rouge ou brillant.

 

Comme ce dieu est terrifiant, qui apporte la maladie mais aussi la guérison, et que de plus, il est un dieu indomptable, très vite on a tenté de l’adoucir en le désignant parfois comme « Shiva » qui signifie de bonne augure. C'est pourquoi dans le Rig Veda, on trouve Shiva pour désigner Rudra lui-même.  On dit de Rudra qu’il a le pouvoir d’apporter la maladie mais aussi de guérir. En lui sont donc la maladie et son remède.

 

 

Rudra associé au mot œil  aksha donne  Rudraksha, c'est-à-dire : œil de rudra. Ce terme désigne une graine de pin de l’Himalaya, dont on fait les rosaires.  Utilisés seuls, ces rudraksha ont la réputation d’être bénéfiques et on les utilise beaucoup en yoga thérapeutique.

 

Rudra joue d’ailleurs un rôle essentiel en yoga thérapeutique ; c’est l’homme-médecin qui réside dans Manipura, le cakra du feu, centre qui permet de conserver santé et vitalité en diffusant une énergie purifée à la structure énergétique. Si la maladie survient, on va activer ses propres processus de guérison via Rudra qu’on représente ni vieux-ni jeune, couvert de cendre, avec trois yeux rouges, comme des braises, car celui-ci donne  la force de se guérir soi-même. C’est la toute la symbolique de yoga thérapeutique qui explique qu’on porte en soi ses propres remèdes. Bien sûr, les protocoles thérapeutiques ne se font pas d’un coup de baguette magique… et bien sûr, tout ceci est à comprendre sur le plan « énergétique », «  symbolique ».

 

Au fur et à mesure que Rudra a décliné dans le panthéon indien, Shiva a intégré la plupart  des pouvoirs de Rudra,  comme son 3ème œil qui peut embraser sur place qui le défie dont je parlais plus haut. Etant donné que l'adjectif Shiva veut dire " de bonne augure", on comprend mieux pourquoi ce dieu a deux visages, l'un particulièrement terrifiant et destructeur.

 

 Malgré tout, en yoga thérapeutique, on conserve bien la distinction entre  Rudra et Shiva, et c’est à travers l'énergie guérisseuse et très puissante de Rudra qu'on opère la guérison, même si Rudra au fond, est l’une des énergies de Shiva.

 

 

 

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12 août 2021 4 12 /08 /août /2021 14:31

                            Sarasvatî, déesse de la parole et de la musique  qui vient de Sara, l'onde, le flot.

Yoga, son, vibration, cosmos et divin : introduction

 

Dans le yoga, le son et sa vibration sont quelque chose de fondamental. Au moment où l’univers se déploie, la trame est le silence puis une vibration met en résonance l’univers à naître.

Temps et espace sont créés. L’espace, c’est l’akasha, dont l’étymologie signifie lumière irradiante. Il est formé de la racine kAs, apparaître, briller, qui donne le mot kAsA, devenir visible, le A long signifiant « à partir de son centre ». On traduit souvent ce mot par éther ou ciel.

La pensée est à ses origines une émanation dans le silence qui devient vibration sonore, puis lumineuse qui deviendra phonèmes. Ceux-ci engendreront les mots, qui eux-mêmes, au gré de vibrations de moins en moins subtiles,  prendront la densité qu’on appelle « réalité ».

Par exemple, du silence émane la vibration sonore arbre qui devient pensée-lumineuse-arbre qui va vibrer en phonème vrksh, qui deviendra la forme arbre, qui prendra la densité de la  « réalité » arbre que vous connaissez. L’idée précède la parole et la chose elle-même.

Pour la pensée indienne, tout est en germe, tout existe déjà, avant d’apparaître.  

Pour faire une comparaison plus simple, vous savez par exemple que le chêne est contenu dans le gland, mais tant qu’il n’est pas devenu « réalité », vous ne pouvez pas le voir.

De même, la parole est en germe latent dans buddhi, l’intelligence intuitive, différente de citta, l’intelligence analytique. (Buddh s’éveiller, connaître de façon intuitive ; Citt, penser en utilisant l’organe de la pensée considéré comme un sens au même titre que l’ouïe ou la vue, manas)

Pour les Indiens, chaque syllabe comporte une part d’énergie divine active puisqu’elle émane de la source première. Energie du divin dans sa vibration, qu’elle soit entendue, pensée, prononcée, les syllabes réactivent en les prononçant cette énergie divine. On comprend ainsi bien mieux le rôle des mantras récités à longueur de journée.

À noter d’ailleurs que contrairement au grec ou au latin ancien, le sanskrit n’est pas du tout une langue morte ; il est enseigné dans les écoles. Chaque année paraissent des ouvrages philosophiques, scientifiques, littéraires en sanskrit qui est toujours parlé dans certaines circonstances, colloques, émissions de radio ou autres ; c’est une langue d’érudit, mais une langue vivante. Des mots sont régulièrement créés en sanskrit pour suivre l’évolution du monde. Navette spatiale, ordinateur, etc…

Tout en sanskrit provient donc de racines ou bijas, syllabes très courtes comme expliqué plus haut. À partir d’elles, on assemble des préfixes, des suffixes, d’autres syllabes : c’est donc un jeu de lego immense qui permet d’exprimer la pensée de multiples façons sous de multiples angles ; non seulement il y a 52 lettres, mais pour un mot en français, il y en aura par exemple trois ou quatre en sanskrit : l’eau, la montagne, le roi, des mots simples peuvent se dire de multiples façons. Pour le riz, suivant qu’il est cuit, sucré, de telle variété, etc, vous avez une dizaine de mots.

Le bija, ou sève première  de son, ramène toujours à l’unité originelle, à la vibration fondamentale, donc au divin.

art-et-yoga©2021

 Première, deuxième partie et troisième partie à venir : le pouvoir magique du son. Sruti : la tradition révélé. Mantra et yoga thérapeutique. Du Om au AUM.

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28 juin 2021 1 28 /06 /juin /2021 09:56

  Non, ce n’est pas une technique de bien-être !

 

 

Le but du yoga n'est pas de  devenir souple, d'être moins stressé, et de vivre dans la conscience de l’instant présent ! Non, non, et non !! Il n’est pas là pour être en bonne santé, pour mieux respirer, et ne sert pas au développement personnel !

Toutes ces définitions, tous ces cours de yoga qui reposent sur ces principes sont des visions déviées du yoga, propres à kali yuga, l’âge sombre dans lequel vit l’actuelle société.  Mais son but d’origine est bien loin de tout cela.

Explication en quatre points !

 

Préambule : Vous avez dit yoga(s) ????

 

Il n’y a pas un yoga, mais des yogas, dont tous les buts sont les mêmes. Déjà comprendre cela, permet de faire un immense pas en avant dans cette philosophie indienne, ou plutôt dans cette méta-physique indienne.

Malgré la pluralité de méthodes et de techniques différentes, il n’existe pourtant qu’un yoga, car son but est le même malgré les méthodes si diverses et en apparence, si contradictoires ! C’est ce que je rappelle souvent à mes élèves ; dans telle école, on fait comme cela, mais si vous faites comme ceci, vous serez dans la façon de faire de telle autre école ; le but recherché étant de toute façon le même, faites donc ce qui vous convient, l’important étant d’être tout  à fait lucide sur votre choix ;  car c’est bien cela l’essentiel, être lucide et non pas d’être de telle ou telle ou telle école.

1) Mais alors, c’est quoi le yoga ?

 

Dès les textes en prose du Veda, est yoga tout effort méthodique qui vise l’union de l’être individuel. (Jivatman) avec le principe suprême (paramatman). Dans ces textes, yoga désigne aussi bien le but que les moyens pour parvenir à ce but.

 

Effort, union : voilà le yoga, chercher à s’unir au  tout et cela dans un effort constant. Le yoga vise   la délivrance, celle de la transmigration des âmes, pour utiliser un langage simple, car c’est le corps subtil qui semble transmigrer, et pas l’âme, concept romantique  qui n’existe pas dans la métaphysique indienne.    

 

Les ascètes

 

Le premier yoga dont on a gardé des traces (Vedas, mahabharata)  est un yoga ascétique qui utilise les tapas, pratiques redoutables qui mortifient le corps afin de réaliser cette union. Bouddha en tâte un instant, puis l’abandonne, car il constate que l’ascèse le conduira directement à la mort et non à l’éveil qu’il trouvera grâce au jnana yoga dont je parlerai plus loin. La bhagavad gita condamne  d’ailleurs cette forme de yoga, car beaucoup le pratiquent dans le but d’acquérir des siddhis, des pouvoirs, et non dans le but de la délivrance.

Le yoga de Patanjali

 Patanjali vient ensuite et cherche à réaliser une synthèse entre ce yoga ascétique et les autres formes héritées du Bouddha et des Jaïns. Il met en forme son yoga en huit étapes et n’écarte pas les tapas, car  « le tapas, produit la destruction des impuretés;on obtient la perfection du corps et des facultés" (yoga sutra II, 43) 

Son yoga repose sur huit paliers – en sanskrit, astha, huit - dont les deux premiers sont les yamas et les niyamas, astreintes pour la vie extérieure et permission ou obligation pour la vie intérieure, pour faire simple. Ce yoga pose donc un cadre éthique, avec des notions de bien et de mal. Il présente de grandes affinités avec le Samkhya qui est une sorte d’inventaire analytique des principes qui composent l’univers et qu’on nomme tattva. Comme pour le bouddhisme, il constate en en point de départ que «  tout est douleur, tout est éphémère ».  Parmi les 25 tattvas  du samkhya, les deux premiers donnent la philosophie de l’ensemble :

 1) Purusa ; dans les Upanisad, c’est le Soi universel sans attribut ni qualité - ni ceci, ni cela – qui s’oppose à Prakritti, mais ne peut s’appréhender lui-même d’aucune façon. C'est donc

2) Prakriti qui possèdant trois qualités, lui permet de se manifester. Quand Prakriti se repose dans son indifférenciation primordiale, les trois gunas demeurent dans un équilibre parfait. Mais au début d’une nouvelle période cosmique, sattva monte, tamas descend et rajas s’étend horizontalement

A ce stade, le yoga consiste généralement à surmonter  la torpeur (tamas) au moyen de rajas, puis à  épurer, transmuter ce dernier en sattva. La posture (asana)  permet en y restant parfois des heures, de faire  du  prana-yama, c'est-à-dire à faire circuler le prana dans les corps énergétique, mental, physique afin de les purifier et de les harmoniser. Ce travail de prana-yama sera poussé à son maximum dans les écoles de yoga tantriques, avec les grands mudras. Lorsque le prana prend le relai, le pratiquant se déconnecte de ses sens et sa pensée se concentre en un point.

Et oui : déconnecté de ses sens, et non pas se concentrer dessus en «  pleine conscience » comme préconisé dans certains cours de «  bien-être » qui utilise le yoga à ces seules fins ! Peut venir ensuite  Samadhi, intraduisible en français:  le mental s’est résorbé en lui-même,  le vide s’est ouvert. Le yoga de Patanjali est un yoga de renonçant, un yoga d’ascète et non un yoga pour ceux qui vivent dans le monde.

 

2) Et les autres yogas, ils font du bien ?

Non, toujours pas! Ce sont toujours des voies pour obtenir la délivrance. Ces yogas n’utilisent ni le pranayama, ni la posture. Il s’agit du :

1) karma yoga (action désintéressée) 2) bhakti yoga (dévotion aimante), 3) jnana yoga (connaissance métaphysique), dont parle la bhagavad gita, chant du seigneur bienheureux,  texte appartenant à la tradition de la Sruti, et qu’on trouve dans le Mahabaratha. Je développerai ces yogas dans d’autres articles, pour ne pas rendre cet article illisible !

3)  Les courants tantriques : et Shiva, il fait du yoga ?

 

Quant au yoga shivaïte, et notamment celui du kashmir, il comporte plusieurs courants, dont quatre principaux, qui s’entremêlent plus ou moins entre eux. Résumons-les ici :

1) Ecole Spanda ou Trika : (illuminé par le génie d’Abhinavagupta) dans laquelle on parle   des trois voies : individu, énergie, Shiva et qui s’épanouit au 11ème siècle. L’un de ses textes  principaux est le vijnana Bhairava tantra

2) Ecole Kula : elle remonterait au 5ème siècle et serait néé en dans le sud de l’Inde avant de s’épanouir dans au Kasmir vers le 9ème siècle.  Il repose sur l’union des contraires, comme la souffrance et la jouissance qui sont toutes deux une forme d’expression intense de l’énergie.

3) Courant krama  qui met  au cœur de sa philosophie l’enseignement par la Shakti, autrement dit, par le pouvoir créateur actif de la conscience.

4) Ecole de Somananda qui préconise de reconnaître spontanément Shiva comme le vrai Je ; c’est l’intuition qui le permet, et non des pratiques ascétiques ou des spéculations intellectuelles. On se rapproche du jnana yoga.

 

 

Vous avez dit Kundalini yoga ?

 

Tous ces courants se retrouvent à des degrés variables   dans les écoles de yoga tantriques qui repose sur le principe que

Paramashiva est composé par l’union de deux principes : conscience (shiva) et énergie (shakti). Ces deux principes n’en sont  métaphysiquement qu’un seul,   éternel et insécable, sauf lorsque l’univers apparaît ; alors shakti déploie et réactualise sans cesse tout ce que contient la conscience. Le yoga associé repose sur la connaissance de la structure énergétique composée de nadis (dont les deux principaux véhiculent la dualité), de cakra, et de kundalini elle-même, enroulé trois fois et demi dans le cakra de la base autour du linga.

Kundalini n'est autre que Shakti à l'échelle de microcosme qu'est l'individu.

 

4 ) Et c’est quoi le hatha yoga ? C’est pas le yoga de la lune et du soleil ?  Il fait du bien celui là, non?

 

Le hatha-yoga  est l’outil des tantriques pour éveiller kundalini  ( donc ceux qui disent faire du kundalini yoga font du hatha yoga, mais beaucoup ne le savent même pas, tant c’est la pagaille aujourd’hui dans l’emprunt des différents termes de la métaphysique indienne !) et l’unir à la conscience ; pour se faire, ce yoga utilise des asanas point de départ pour faire monter l’énergie ; on oublie ensuite le corps physique  pour travailler directement sur l’énergie grâce au  mudras et au pranayama. Quand tout disparaît, corps, souffle, etc, c’est la méditation. L’habileté du yogi consiste ensuite grâce à ce travail à éveiller kundalini, à la faire monter de centre en centre, pour l’unir à la conscience.

Tout ce panel de techniques se fait dans un cadre très précis, associées à des mantras, des visualisations, des souffles.

 

Alors, le yoga, technique de bien-être ???? Je transmets moi-même du hatha-yoga, issu des écoles tantriques du nord-est de l’Inde. Je développerai tout cela dans d’autres articles.

 

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6 octobre 2019 7 06 /10 /octobre /2019 10:07

Astrologie et yoga thérapeutique

 

 

 

En Occident, l’astrologie est principalement utilisée pour prédire l’avenir, c’est l’astrologie populaire des magazines, ou bien encore pour faire le portrait de l’individu incarné. Depuis les années 1950, sous l’influence des théosophes comme Dane Rudhyar, puis un peu plus tard dans les années 1980 de l’Américain Stéphane Arroyo, l’astrologie s’est intéressée aux philosophies indiennes et a commencé à intégrer certains éléments de cette philosophie à sa pratique. Elle s’est principalement intéressée aux vies antérieures et à l’axe des nœuds qui indiqueraient plus ou moins clairement les conditionnements passés ;  Arroyo  a fini par admettre que le thème tout entier parlait du passé et uniquement de lui ; vasanas et samskâras y sont inscrits ; depuis, les choses ont continué à se décanter, et de nombreux astrologues étudient à présent la carte du ciel comme un instantané, celui de l’individu au moment de sa naissance,  qui montre ce dont il hérite de ses vies passées (dans l’optique que ce soit bien toujours le même individu qui revienne de vie en vie avec un nouveau corps. Ce qui, suivant les écoles, est loin d’être une certitude. Mais c’est une autre histoire pour un autre article.)

Il est assez facile de faire l’étude d’un thème, d’expliquer le fonctionnement de ce que Jung appellerait la psyché et les Indiens le mental, (qui englobe les fonctions cérébrales mais aussi toutes les mémoires de l'individu), une fois que la personne a compris ses fonctionnements, comment l’aider à les transformer ? L’envoyer voir un psychologue ou psychanalyste ?  A noter d'ailleurs que Jung a survolé, en bon occidental qu'il était, la philosophie indienne et en a fait une soupe assez indigeste et superficielle.  Si on l'étudie à la lumière de la philosophie indienne, on comprend ses concepts d'animus-anima, psyché, persona, etc, mais malgré tout, la psychanalyse montre malheureusement bien souvent ses limites ; se connaître n’est pas le gage de pouvoir réellement se transformer ; faire remonter les anciens schémas n’en libèrent pas l’individu pour autant. Ni en les revivant, ni par la parole, n'en déplaise à Lacan. Les mots ne détruisent pas les maux, ce serait trop simple… Ils sont toujours là, encore plus apparents, lumineux dans leurs fonctionnements,  et c’est tout. Comprendre ne donne pas une baguette magique pour faire disparaître. D’aucuns diront « pourquoi se transformer ?  Il n’y a qu’à être ! » Oui, à condition que cela soit possible.

 

Mais pour «  être », encore faut-il parvenir à aider l’individu à se débarrasser de certains schémas qui le  ligotent complètement malgré lui; encore faut-il parvenir à l’aider à dépasser ces schémas qui se répètent inlassablement, véritables circuits démons, nullement effrayés ou impressionnés de la connaissance que l’on d’eux. Au contraire, ils en ricanent : «  Tu nous connais, mais tu ne peux rien faire, nous dominons ton mental, haha ! Nous te menons là où nous voulons ! Et tu n’y peux rien. » Si vous doutez de ce que j’écris, pensez aux tragédies grecques.  Les circuits démons sont les dieux de l’Olympe tout simplement, et l’individu n’a pas de vraie liberté d’action. Il se croit l’auteur de ses actions, mais les dieux le dirigent. On en revient à nos circuits démons.

 

Une pratique de yoga régulière, profonde, qui utilise largement les mudras, le pranayama et les différentes techniques de concentration permet de retirer les couches les unes après les autres, et ce long processus fait peu à peu émerger la  véritable nature ; un peu comme un acteur qui dans sa loge, retire ses costumes et réalise, lorsqu’il est démaquillé et tout nu, qu’il n’est pas le personnage qu’il interprétait sur scène une heure avant ; il n’est que « lui ». Mais malgré cela, certaines choses peuvent rester à l’œuvre, comme des problématiques difficiles à résoudre. Ce sont les fameux samskâras dont parlent les philosophies indiennes. J’ai donc pensé que le yoga, ou toute autre pratique spirituelle pouvaient être une aide concrète pour désancrer ou désactiver ces vieux schémas. Mais le processus est long et il faut accepter de s’adonner à une pratique régulière.

 

On lit très facilement dans un thème astrologique les schémas qui conditionnent un individu ; on voit ce qui va être à l’œuvre, aussi bien en positif – l’énergie circule facilement, tel domaine sera source de joie ou de satisfaction, - qu’en «  négatif » : l’énergie va se bloquer et provoquer des conflits.

 

Bien sûr, le but du yoga n'est pas de faire émerger l'individu dans sa pureté, mais plutôt de le fondre au TOUT, au soi. Malgré tout, il peut être utile pour traverser une vie, d'avoir des outils pour aider l’individu à dépasser, désancrer, couper à la racine ses vieux schémas. Les neutraliser. Complètement. Le yoga thérapeutique est sans aucun doute l'outil le plus approprié pour cela, car il permet  dans une mesure extrêmement large de travailler concrètement sur cet héritage malgré soi, qui inclut l’héritage des vies antérieures – que ce soit la même «  âme » ou bien  une qui vient se placer dans une lignée ; cet héritage peut s’exprimer à travers des savoirs innés, des tendances innées, un héritage sur le plan génétique comme je l’expliquais plus haut, mais aussi toute une part d’ombre à l’œuvre qui est comme le tour que le potier lance et qui continue à tourner même lorsqu’il ne l’actionne plus : ainsi vont nos vies. Ainsi, le yoga thérapeutique peut-être une aide précieuse dans le cas de thèmes astrologiques qui ligotent complètement un individu. Bien sûr, cela sous-entend plusieurs choses : la connaissance de l'astrologie et celle du yoga.

 

 

 

 

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3 décembre 2017 7 03 /12 /décembre /2017 12:22

Aujourd’hui, le mot méditation est très souvent employé dans divers contextes, qui n’ont plus grand-chose à voir avec celui de Lamartine, dont les Méditations poétiques datent de 1820. On parle de méditation de pleine conscience,  on explique qu’on peut méditer en cuisinant, ou en marchant… (Osho Rajneesh a d’ailleurs rédigé un livre consacré à une quarantaine de méditations «  qui libèrent du mental » selon lui! ). Bref, il semble y avoir un véritablement engouement pour la méditation. En y regardant de plus près, on se rend vite compte que derrière ce mot, chacun met un peu ce qu’il veut, et fait aussi sa propre cuisine.  Et au fond,  ce n’est ni grave, ni important : chaque chemin, mené avec conviction et enthousiaste, ne permet-il pas de faire un bout du voyage sur Terre en étant plus conscient,  ce qui n’est déjà pas si mal ?  

Les grandes raisons qui poussent les uns et les autres à se lancer dans la méditation sont bien souvent le stress ou la recherche du mieux-être, et pourquoi pas ? Mais d’autres y viennent «  poussés par quelque chose qui ne s’explique pas »

 

Si l’on devait tracer un bref historique, on commencerait par dire que le mot Méditation est expliqué dans notre vocabulaire  comme étant un acte qui permet de  réfléchir en silence à une question donnée et lui trouver le sens qui cerne le mieux la totalité des réponses qui se seront présentées. Les Méditations poétiques de Lamartine vont dans ce sens : chaque poème exprime une idée sur un thème.

Aujourd’hui, le mot est utilisé un peu à tout bout de champ et recouvre des réalités diverses et variées.

 

Dans notre société moderne, beaucoup s’enthousiasment de voir la méditation entrer en entreprise ; je dirai : « pourquoi pas ? si le but est véritablement humaniste et non mercantile, c'est-à-dire si c’est pour alléger une part de souffrance, et non pas pour rendre les employés plus dociles et productifs grâce à une technique de «  mieux-être ».

 

Mais qu’est-ce que méditer ? Comment médite-t-on ? Y a-t-il une technique ? Et dans l’enseignement de yoga que je transmets, qu’est-ce que la méditation ?

 

Je donnerai déjà la parole à Éric Romeluère, moine bouddhiste, qui, dans une longue

conférence, a abordé le sujet avec beaucoup de sincérité et d’humilité ; il a expliqué ce qu’était la méditation zen, puis a brossé un consciencieux historique de cette forme de méditation qui connaît un véritable engouement en Occident.  Et il dit ceci : «  Dans la méditation zen, on observe le rien ; on n’est pas le spectateur non impliqué qui observe ce qui défile sur l’écran mental, comme je l’ai lu moi-même récemment sur un site qui prétend enseigner la méditation zen,  mais on se met dans la posture où il n’y a rien à observer ». Et voilà, c’est dit : la césure est bien là. La méditation telle que proposée actuellement dans la plupart des centres de méditation, en entreprise ou ailleurs, permet aux personnes qui s’y adonnent de se mettre en état d’observateur par rapport à eux-mêmes, mais sans faire taire leur capharnaüm intérieur. Il s’agit donc simplement d’un état de «  recul » très loin du sens donné en zen ou en yoga.

Éric Romeluère explique aussi qu’entre le moment où la méditation est arrivée en Occident, vers 1960,  et aujourd’hui, il y a eu une profonde transformation de celle-ci – pour ne pas dire dégradation ou déviation -  pour l’adapter à l’Occident. Aujourd’hui, c’est cette nouvelle forme, qui n’a plus grand-chose à voir avec le Zen qui est enseignée. Et que, plus étrange, certains moines de tradition zen ou bouddhiste se mettent eux-mêmes à adopter cette nouvelle forme. Mais est-ce toujours de la méditation ?

 

Comment médite-t-on en yoga?

 

 

Le point de vue du yoga que j’enseigne répondrait « non », en expliquant simplement que tant que le processus discursif du langage, tant que des images apparaissent ou disparaissent, tant que le souffle physiologique continue d’aller et venir, le pratiquant ne « médite » pas.

En yoga, trois étapes sont distinguées :

  1. D’abord on se concentre  sur une chose (dharana) un son, un souffle, une image : ce sera  une première étape, préalablement préparée par des mudras et du pranayama qui apportera
  2. le retrait des sens (Pratyahara). C'est l'étape 2 dans laquelle le monde extérieur n'est plus DU TOUT perçu par les sens. Tout se tourne vers l'intérieur. Ensuite, de dharana le pratiquant entrera dans un état méditatif où tout va se ralentir, souffle, pensée, et fusionner.
  3. Puis il y aura   « une bascule » dans le vide,  où souffles, pensées vont se suspendre, ouvrant dans le même temps un espace extra-ordinaire. Ce sera Dhyana, la " méditation" à proprement parler. Mot sanskrit  intraduisible d'où toutes les confusions  d'aujourd'hui, puisqu'on a repris pour le traduire un mot déjà utilisé par les philosophes, et qui n'a RIEN à voir avec le processus spirituel.

Lorsque je décris ceci, beaucoup me disent «  impossible, on ne peut pas s’arrêter de penser et de respirer ».  Je réponds alors simplement : « pratiquez, mettez vous sur votre tapis, faites et refaites, et vous connaîtrez cet état, accessible à tous sitôt que, comme pour le piano ou la danse, vous pratiquez régulièrement, patiemment! »

 

 

La méditation, dans un chemin spirituel, cherche au-delà du bien-être qui en découle naturellement, à dépasser et transcender un état ordinaire pour rejoindre le vide.

Voilà, dans les traditions spirituelles, ce qu’est la méditation.

 

Alors, doit-on s’attrister de la « déviation » du sens du mot méditation aujourd’hui ? Doit-on se lamenter de la récupération via un phénomène de mode, de cette pratique transformée, comme le dit Éric Romeluère, en outil du capitalisme marchand ? Doit-on s'insurger contre toutes ces techniques de bien-être qui monnaient des stages de " pleine conscience" à prix d'or avec des centaines de participants?

Non, surtout pas,  car on ne sait jamais où un chemin peut conduire. Certains «  méditeront » toute leur vie pour aller bien, et pourquoi pas, si cela leur fait du bien. Il serait vain ou prétentieux de condamner cette recherche. Et mon optimisme naturel me laisse même penser que, parmi ceux-là,  certains, poussés par  quelque chose qu’ils ne sauront pas nommer, s’engageront dans une voie ou une autre – le zen, le yoga, le bouddhisme ou tout autre chose encore – et continueront leur voyage autrement. Le phénomène de mode leur aura simplement donné la première impulsion. De toutes façons, " tout ceci passera un jour, " même cet univers tel qu'il est aujourd'hui... alors!...

 

Dans un prochain article, je reviendrai sur la «  pleine conscience ».

 

A lire aussi sur ce blog  :  concentration ou méditation?

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19 octobre 2015 1 19 /10 /octobre /2015 12:55
Gunas et Vayus  -

 

Le corps subtil – le corps énergétique

Les gunas et les vayus

 

 

 

Faire du yoga implique un minimum de connaissance du macrocosme et microcosme car tout ce qui est dans l’un est dans l’autre. Postures, souffles, concentration ne trouvent leur raison d’être que si on sait pourquoi on les fait.

Nous présentons donc succinctement aujourd’hui une petite étude sur les gunas et la vayus qui opèrent dans la structure énergétique.

 

Pour la philosophie Hindoue, l’être humain appartient à l’univers ainsi que tout ce qui y existe et est régi par les mêmes lois. Cette philosophie conçoit une texture vibratoire originelle appelée Brahman, l’être, l’Absolu. C’est son «  reflet » qui est présent en chaque être vivant, comme un soleil qui se refléterait dans des milliards de seaux d’eau. On l’appelle l’Atman, l’âme. Mais nous en reparlerons plus tard. A un moment donné, la texture vibratoire va vibrer si puissamment qu’un grand souffle va émerger et déployer l’univers : c’est le Big Bang, décrit avec d’autres noms par la philosophie hindoue

Cette texture vibratoire a deux aspects :

- Prakriti  qu’on traduit souvent par «  Nature » - mot qui prête cependant à confusion; on devrait plutôt traduire par texture vibratoire allant de la plus subtile à la plus grossière

- Purusha, l’Esprit, premier reflet de l’Absolu dans sa manifestation. Il est éternellement libre, inactif, Un.

 Prakriti qui développe, déploie et actualise tout ce qu'il y a dans Purusha possède trois qualités fondamentales en équilibre  est donc à l’origine du déploiement de l’univers et du  jeu de la création comme si des bois de frictions avaient chauffé.  Les trois qualités de Prakriti sont appelées Gunas.

 

 

LES GUNAS

 

  1. Tamas – c’est une énergie descendante, d’inertie, d’obscurité, d’immobilité; elle est surtout présente dans les deux centres du bas. Elle préside aussi au sommeil profond, vide de rêve, à la nuit. On lui associe la couleur noire. Elle est plus influente sur le corps physique. C’est d’elle que naît l’élément Terre.

 

  1. Rajas – le  feu ; c’est une énergie horizontale, de mouvement : il est activité, désir, passion ; il crée les attachements. Il régit l’ego. Il est plutôt dans les centres du  ventre  et du  pubis et on peut le trouver dans le cœur où il ne devrait en principe pas se trouver-  Il préside à la digestion  physique et psychique. On lui associe la couleur rouge.

 

  1. Sattva –  c’est une énergie ascendante,  de légèreté, de finesse, de lumière, d’équilibre,  de clarté – on la trouve dans le centre d’énergie du cœur et de la gorge. Elle présente des affinités avec le mental. Sa couleur est le blanc.

 

Ces gunas  font en permanence le jeu de la création et plus leurs vibrations sont lentes, plus la matière créée l’est aussi, donc nous dirons plus «  grossière », plus  "matérielle » plus  « lourde » mais sans aucun jugement de valeur. Ce sont elles qui colorent en permanence les réactions mentales et font passer de l'apathie à l'excitation, de la torpeur à l'enthousiasme, de la somnolence à la calme contemplation, et ainsi de suite. Jamais de repos véritable, jamais d'équilibre véritable.

On trouve toujours les trois en absolument tout mais avec des proportions variées ; dans le monde minéral, tamas dominera, mais n’empêchera pas la présence d’un peu de rajas et de sattva, même chose pour tout ce qui existe y compris l’être humain chez qui rajas pousse à s’agiter, à faire, à être en mouvement, tandis que le monde est Dieux serait plutôt de nature sattvique.

 

Pour que l’être humain soit harmonieux, il faut que les trois gunas soient en équilibre en lui. A défaut d'obtenir une juste proportion au tiers,  le yoga permet déjà de bien remettre les gunas à leur place... en tous cas, de limiter leur débordement, et de réguler leur action.

Un disfonctionnement de tamas va entraîner une grande force d’inertie, un besoin de dormir beaucoup, un rythme lent, un esprit lent. Trop de rajas,  à l’opposé créera trop d’activité, voir un " sur-régime" jusqu’à ce que le feu ait tant brûlé que rajas se transformera en tamas. Du coup, après l’hyperactivité, c’est l’apathie totale.  Peut – être avez-vous déjà observé chez vous ou chez les autres de grandes périodes d’activité faisant tout à coup place à une lassitude, une fatigue totales. Voilà, c’est le jeu des Gunas.

Trop de rajas rend l’être très actif, énergique, entreprenant mais aussi hargneux, égotique. D'où l'intérêt de l'équilibrage.

 

Il est aussi par exemple  très important de les régler pour le sommeil :

- trop de tamas implique des heures et des heures de sommeil non réparateur; on sort juste du sommeil abruti, plongé dans la torpeur sans pouvoir s'en dégager.

- trop de rajas, une impossibilité à avoir des nuits paisibles, avec l’impression au réveil de n’avoir pas dormi.

- les nuits sattviques sont les plus douces car arriver à amener sattva au cœur du sommeil rend celui-ci léger, et plus clair, presque conscient.

 

  • C’est le pranayama qui aide à l’équilibre dans le corps énergétique ; comme celui ci est contact permanent avec le corps physique grâce aux adharas et aux cakras et au corps mental, l'équilibre gagne les deux autres corps aussi.

 

Exemple : dans le  centre du cœur doit se trouver sattva, la légèreté, la lumière. S’il y a trop de rajas : l’individu sera hargneux, et égotique et incapable de compassion.

Grâce à certaines techniques de  souffles, il est possible d’aspirer le rajas du cœur pour le remettre dans le ventre.

 

LES VAYUS

 

Prakriti n’est pas composée que des 3 énergies citées, elle possède aussi des vayus  - qu’on traduit par vent - qui assurent le bon  fonctionnement et les échanges  entre les différents corps. Sans eux, rien ne fonctionnerait. Les vayus, éléments mouvants, actifs, sont au nombre de cinq. Ils régissent chacun quelque chose de différent dans le corps.

Jean Varenne dit qu’on peut traduire Vayus par «  génie » comme si ceux-ci opéraient directement dans le corps énergétique. Il dit aussi que mourir se dit en sanskrit «  rendre au cinq ». Nous en reparlerons plus.

 

  • Prana : c’est l’énergie nourricière, la force vitale, l’énergie cosmique qui se trouve dans tout le cosmos et dans l’être humain. Quand elle disparaît, le corps devient une coque vide, on la trouve dans l’eau, l’air, les aliments. 

Les yogis veillent toujours à la qualité pranique de leur nourriture.

On dit même que lorsque les yogis sont devenus complètement sattviques, ils aspirent directement le prana des aliments dont ils ont besoin pour se nourrir, sans avoir besoin de manger l’aliment lui-même. D’où les grands mystères pour la science de ces êtres qui restent des mois sans manger en Inde ou ailleurs…

 

  • Apana : en bas, dans muladhara, gudhadhara

Sa fonction est principalement de permettre l’élimination, et de faire descendre les énergies ; Le mot signifie «  ce qui tire vers le bas »

Il est  relation avec la terre

 

  • Samana : assure la digestion physiologique, énergétique et mentale ; Samana  est dans le ventre. Ainsi, quand il fonctionne bien, tout est bien digéré même intellectuellement, même émotionnellement.

 

  • Udana : dans la gorge ; il joue un rôle de montée de l’énergie ; il est en affinité avec Kundalini ; et en rapport avec le souffle, car Udana subtilise le souffle. Grâce à lui, on passe d’un souffle grossier à un souffle énergétique pur.

 

 

  • Vyana : partout dans le corps ; c’est lui qui distribue tout, et fait tout circuler  comme un chef d’orchestre (physiologique et énergétique)  il a son siège dans le pubis

 

Donc c’est important de rééquilibrer les trois éléments et les cinq qualités de l’énergie et c’est l’un des grands objectifs du yoga avec toutes ses techniques.

 

Ce qui vient vraiment permettre de régler ces vayus est tout le travail sur les grands mudras, tenus longtemps et avec cette conscience claire du travail en train de se faire.  Voilà où viennent véritablement agir les mudras; mais nous en reparlerons.

 

Nous aurons l'occasion de reparler de tout cela dans d'autres articles, car en fonction des écoles, les explications peuvent légèrement différer.

Ce qui est sûr, c'est que la compréhension réelle de tout ceci ne commence vraiment que lorsque l'on pratique; et plus on pratique, plus on comprend, et ainsi de suite.

Ce qui prouve encore une fois que le yoga est le praxis d'une métaphysique qui englobe le Tout.

C’est tout l’étonnement du yoga, qui repose sur la pratique et la compréhension de celle-ci. Théorie, philosophie et pratique s’éclairent l’un l’autre en permanence,  et plus on avance, plus les découvertes sont sublimes !

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