Un petit audio à écouter pour mieux comprendre la différence entre ces deux propositions souvent présentées comme identiques.
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Bienvenue sur Ondes et vibrations, Diplômée en yoga, yoga nidra, yoga thérapeutique, je suis des études de sanskrit. Je propose ici de partager mes connaissances du yoga à travers des articles ou des vidéos de pratique, postées sur ma chaîne youtube.
Un petit audio à écouter pour mieux comprendre la différence entre ces deux propositions souvent présentées comme identiques.
Ces concentrations sur le son ou la lumière, éléments qui apparaissent avant même la création de l’univers, sont uniques dans l'univers du yoga tantrique.
Toute une branche des écoles Natha exploite le nada yoga : c’est un yoga basé sur le son pour la raison évoquée plus haut, car tel le saumon, le yogi tente de remonter à l’origine même de l’univers, avant son déploiement.
Ces concentrations demandent une immobilité parfaite et beaucoup d’intériorisation. Il faut entrer dans une forme d’isolement, de retrait des sens, qui s'ouvre sur son propre espace intérieur. Il y a alors plein de choses à découvrir et à savourer.
Chaque individu a sa propre fréquence vibratoire, qui " sonne" aussi à l'intérieur de lui qui émane des différentes couches qui nous composent; chaque fréquence est unique. Les clairaudients entendent l'univers comme une magnifique symphonique de vibrations multiples et harmonieuses.
Cette concentration se divise en deux temps : dans la première phase, on fait entendre un bourdonnement qui vient de nos profondeurs, dans la deuxième, on écoute ce que ce bourdonnement a éveillé en nous.
Cette technique qui est facile et agréable à faire a de multiples bienfaits et pas des moindres :
A noter que : pratiquer régulièrement et sur des temps plus longs, ces techniques peuvent se révéler de grandes initiatrices.
La vidéo vous présente la technique en version de base, que tout le monde peut faire plutôt à la fin d'une séance de yoga, ou sur quelques minutes, tous les jours, indépendamment de sa pratique pour retrouver calme et confiance en soi.
Voici une toute première rencontre avec ce que l’on nomme la méditation mais qui commence avant toute chose par l’apprentissage de l’immobilité parfaite. Cela va demander, au début tout au moins, à votre corps une quantité d’énergie assez fabuleuse, tant l’immobilité est à l’opposé de ce que le corps à l’habitude d’être : en mouvement.
Cette technique de concentration, toute simple vous permet de mettre en place un cadre assez précis pour que peu à peu, tout vous devienne naturel. Ensuite, quand l’immobilité est parfaite, le souffle inexistant, le mental muet, peut survenir l’état méditation, avant cela, c’est de la concentration, mais c’est déjà un pas immense !
S’asseoir, tout simplement !
Vous prenez donc une posture assise que vous pourrez garder un petit moment : demi-lotus, diamant, ou Siddhasana. Eventuellement le tailleur si pour l’instant les autres postures sont trop difficiles pour vous.
Vous ne parviendrez sans doute pas à tout maintenir immobile au début, ce n’est pas grave, peu à peu, les choses se feront dans la régularité
Déroulement
Les yeux mi clos, vous fixez le bout du nez. Sans rien modifier vous observez le souffle qui rentre et sort par les narines
Si vous êtes à l’aise, vous pouvez entendre le son intérieur Ham à l’inspir et Sa à l’expir. Ham une sensation un peu fraîche de l’air qui rentre et Sa une sensation un peu plus chaude de l’air qui sortPrenez conscience de l’immobilité comme s’il n’y avait que le souffle qui fait son va et vient. Au niveau de l’énergie, essayez de sentir la relation entre l’anus et les yeux. Vous en découvrirez davantage plus tard, mais essayez déjà de ressentir le lien. C'est simple et en même temps, cela ne l'est pas!
La vidéo vous propose une courte technique sur 5 minutes. Le temps nécessaire pour poser ce fameux cadre dont je vous parle au début.
Surtout, n'oubliez pas :
Vous pouvez faire cette technique en dehors d’une séance de yoga, quand vous avez besoin de retrouver un état de tranquillité et de bienveillance.
Quelques idées reçues à démonter….
La première chose à démonter est cette notion de pleine conscience comme étant de la méditation. La mode actuelle serine à travers des ouvrages, des magazines, qu'il faut apprendre à faire les choses « en pleine conscience », mais vous remarquerez bien que personne ne songe à vraiment définir ce qu’est la conscience, tout simplement parce que dès le départ on sous-entend que tout le monde est d’accord sur son sens, que cela va de soi. La conscience, quand même ! Chacun sait ce que c’est, non ?!!! Et bien non ! La formulation juste pour ces techniques serait celle-ci : apprendre à faire les choses en se concentrant sur une seule chose à la fois et avec le maximum de sensations sensorielles. Cela est correct. La conscience est loin de cette définition. C’est l’être qui brille quand il s’est réalisé, et cela est impossible si l’on fait quelque chose en étant relié à notre monde sensuel… à moins d’être un bouddha ou un Maharshi et encore. Conscience, dans ces techniques, renvoie à l’idée qu’on sait ce qu’on fait et que tous les sens coopèrent… vous avez tous, dans vos vies, conduit sans faire attention à la route tant vous la connaissez, marcher dans la rue plongés dans vos pensées, avaler un repas entier sans remarquer son goût, entendu quelqu’un sans l’écouter. Regardez sans voir vraiment, etc.
Il s'agit donc de réapprendre à se concentrer, « sur l’instant présent » - notez bien que l’instant ne peut être que présent, mais que nous, nous pouvons nous absenter de lui. Et pour cela, ce sont les cinq sens, portes ouvertes sur le monde extérieur, qui sont hautement sollicités. On est donc à l'opposé de la méditation qui permet aux pratiquants de se retirer en lui-même, loin de ce monde sensoriel.
Pourquoi une telle confusion alors?
Tout simplement parce qu’à l’origine ces techniques ont été mises au point pour des patients souffrant de lourdes pathologies tels que des troubles mentaux ou comportementaux. Le but était de les réinscrire dans le temps, dans la matière, dans la perception d’un corps physique concret pour atténuer un peu leurs souffrances. Et puis cela a été récupéré pour les entreprises pour des gens stressés, en mal-être, et de fil en aiguille… etc, etc.
C'est donc dire que ces techniques de « pleine conscience » sont complètement à l’opposé du Sat- Chit- Ananda - être conscience félicité - qui brille quand le monde des sens s’est replié en soi - Pratyahara - et que le Soi inonde et recouvre complètement l’individu au point que de celui-ci il ne reste rien sur le plan de l’identité : en tant qu'individu il a " disparu", il ne reste que la conscience lumineuse, l’état d’être, rien d’autre, uni au Tout.
Lorsque la conscience s’allume réellement, le reste s’éteint, cela veut dire que si la conscience brille, il ne reste qu’elle et l’être, indissociables. Loin du monde des sens, loin du faire.
Quant à "être en pleine conscience", c’est juste un pléonasme. Il est donc impossible de « faire en pleine conscience », car vu sous cet angle, soit l’on fait, soit l’on est. Faire en étant concentré serait la bonne formule, mais sans doute moins vendeur que « faire en pleine conscience » qui semble promettre de merveilleux paradis... ceux qui méditent savent pourtant que même en méditation, le capharnaüm intérieur du mental est parfois tel qu’il est difficile certains jours de le calmer puis d’allumer la conscience.
Ces techniques « new age » ne sont pas à « jeter » pour autant, car tout chemin est bon à prendre… Et qui sait où il conduira. Mais il faut juste se rappeler qu’il y a une déformation du mot conscience, tel qu’utilisé dans les philosophies orientales auxquelles on a emprunté des techniques en les « adaptant ». (Ou en les déformant, suivant votre degré de tolérance !)
La deuxième chose qui traîne aussi pas mal un peu partout – ouvrages, net, conférences, etc. - en ce moment un peu partout, c’est que chacun est déjà réalisé et qu’il n’y a donc absolument rien à faire ! Certes, nous sommes tous des êtres de lumière recouverts, du fait même de notre incarnation, par une multitude de couches qui cachent, voire qui obscurcissent la lumière qui brille en nous et qui nous baigne tous de la même manière ; alors bien sûr, certains éveillés ont un accès direct à cette lumière et cela en permanence, mais ils ne sont qu’une poignée. Mais pour tous les autres – en gros le reste de l’humanité- il faut retirer les couches pour faire jaillir la lumière et toutes les techniques qui le permettent sont bonnes à prendre. Yoga, Zen, prière, méditation… à moins que la grâce n’intervienne d’elle-même, mais complètement.
En résumé, on peut donc écrire que :
1) Oui, nous sommes la lumière recouvert par des couches plus ou moins denses, suivant les individus.
2) Il est parfois difficile de la percevoir en soi même, et nombreux sont ceux qui la recherche à l'extérieur. ( Guru, maître, dieux divers et variés, etc) Cette lumière est pourtant bien là dans chacun. Tant que l’individu est empêtré dans ses couches qui le ligotent plus ou moins, parfois au point de ne plus s’y retrouver, des techniques comme le yoga, le zen, la prière, la méditation, ou tout autre méthode spirituelle, sont de bons outils pour se connecter à cette lumière intérieure. Le chemin qui s’éclaire peu à peu prend alors une saveur unique, et il n’est plus possible de revenir en arrière. Et c'est là que le premier pas vers l'éveil commence...
J’expliquais dans un autre article que la méditation n’est pas une action dans les voies tantriques; on est bien loin de la « pleine conscience » mise aujourd'hui à la mode par les Américains, qui s'est éloignée de son but premier, thérapeutique, afin de soulager la souffrance de patients atteints de problèmes psychiques graves.
Dans les écoles tantriques, le yoga nidra offre une voie d'accès à la méditation.
Qu'est-ce qui les différencie ? L’un prolonge-t-il l’autre ? L’un peut-il vraiment conduire à ce que la tradition tantrique appelle Parashiva, qu’on traduit ici par le Soi absolu ? Le yoga nidra est-il plus qu’un outil de relaxation ou de connaissance de soi ?
La réponse est oui.
Quand on pratique vraiment le yoga nidra, bien au-delà de la simple technique de relaxation ou d’exploration de « l’entre-deux » que ce yoga offre et qui permet, grâce aux états de conscience modifiée, d’explorer les structures physiologique, énergétique et mentale par une « autre voie d’accès », on dépasse alors l’acte ordinaire, dans lequel la volonté de l’individu initie l’action puis la dirige. Avec de la pratique et en restant longtemps en shavasana, c'est à dire en « cadavre », sans rien remuer, ni orteil, ni petit doigt, avec un souffle qui s'est complètement effondré, arrive un moment où l’individu se sent saisi par une volonté qui n’est plus la sienne : quelque chose prend le relai en lui et fait à sa place et c’est absolument magique. Commence alors la première phase de la méditation, celle dans laquelle l’individu ne fait rien du tout, car quelque chose en lui fait à sa place. On voit donc qu'il est possible d’entrer en méditation en se mettant en nidra et de sentir, tout comme en méditation, ce quelque chose prendre le relai.
Si vous avez du mal à saisir cela, imaginez un sucre qui fond dans l’eau. Au départ, l’eau et le sucre sont deux éléments séparés; imaginons aussi que le sucre n'ait pas conscience de l'eau, et qu'il la cherche; et puis voilà que l’eau vient dissoudre le sucre, mais celui-là ne disparaît pas pour autant. Il se fond au tout, à l’eau, qui dans notre image, serait Parashiva. Image un peu simpliste, certes… mais c'est juste pour que l'imagination puisse saisir... ensuite, par un procédé chimique simple, - faire évaporer l'eau - le sucre réapparait.
Sri Anirvan explique que, pendant la méditation en nidra, si l’individu ressent le vide du cœur et le vide de la fontanelle comme un tout, la pensée et le sens d’être une entité séparée s’effacent complètement. Il ne demeure qu’une pure conscience, totalement impersonnelle et tranquille, sans sujet qui voit et sans objet qui est vu. Il ne reste que le « vide », qui est la véritable méditation. Méditer n’appartient pas au domaine du faire car il n'est pas une action. C'est un abandon conscient, qui d'abord se focalise en un point jusqu'à ce que quelque chose vienne " faire à la place de". C’est à cette compréhension que peut conduire le yoga nidra dont c'est d'ailleurs l'un des principaux buts : emmener l’individu au-delà du « sommeil conscient » tel que décrit par de nombreux ouvrages qui effleurent ce qu'est yoga nidra ; car conscient, dans ces descriptions, désignent encore et toujours une action volontaire et un sujet qui fait, ressent, se sait séparé de son objet d'observation. Là, ce n'est pas du tout la mêe chose : ce sommeil conscient n'est plus l’acte volontaire de l’individu qui se sait dormant, mais sa fusion en Sat-Chit-Ananda : être, conscience, félicité. Il s'unit au tout. L’individu a réalisé le 5ème état. Mais j’en reparlerai plus tard.
Bien sûr, pour entrer en yoga nidra, il y a de nombreuses techniques ( et il y en a vraiment beaucoup dans la formation que je propose) qui permettent aussi : ( liste non exhaustive) :
- d'explorer et de repérer les processus qui précèdent l’endormissement et de jouer avec les passages d’un état à un autre.
- d'opérer des guérisons, de défaire des tensions, de reposer complètement le corps comme si on le remettait à neuf.
- d'explorer les méandres des labyrinthes propres à chacun.
- d' observer méthodiquement la façon dont l’énergie déploie tous les contenus de l’individu, - car tout est là, il n’y a plus qu’à « déployer » et jouer avec l’énergie.
- de découvrir les structures énergétiques et mentales,
- etc.
Mais le yoga nidra est aussi une voie d’accès à la méditation.
Quand le corps est véritablement devenu cadavre, c'est à dire shavasana qui est une posture à part entière- ce que veut dire shava/cadavre Asana/posture - figé comme s’il était de pierre, et qu'en même temps il se fait d'une légèreté absolu, qu'on l'oublie, que les autres corps s’animent complètement, que la conscience ordinaire s’efface pour laisser place à autre chose qui vient prendre le relai, la méditation est là. « Tout simplement ».
Dans la formation que je propose que j'ai enrichie au cours de ces douze années de pratique, il y a des techniques d’entraînement pour apprendre à glisser de l’entre-deux du nidra vers la méditation ; ainsi si l'étudiant est intéressé par cette voie, il peut utiliser ces techniques en préalable et méditer en yoga nidra : son « je » ne fait plus rien, mais se laisse emporter dans le Tout vibrant, conscient et lumineux. Un beau voyage immobile et mobile tout à la fois...
Aujourd’hui, le mot méditation est très souvent employé dans divers contextes, qui n’ont plus grand-chose à voir avec celui de Lamartine, dont les Méditations poétiques datent de 1820. On parle de méditation de pleine conscience, on explique qu’on peut méditer en cuisinant, ou en marchant… (Osho Rajneesh a d’ailleurs rédigé un livre consacré à une quarantaine de méditations « qui libèrent du mental » selon lui! ). Bref, il semble y avoir un véritablement engouement pour la méditation. En y regardant de plus près, on se rend vite compte que derrière ce mot, chacun met un peu ce qu’il veut, et fait aussi sa propre cuisine. Et au fond, ce n’est ni grave, ni important : chaque chemin, mené avec conviction et enthousiaste, ne permet-il pas de faire un bout du voyage sur Terre en étant plus conscient, ce qui n’est déjà pas si mal ?
Les grandes raisons qui poussent les uns et les autres à se lancer dans la méditation sont bien souvent le stress ou la recherche du mieux-être, et pourquoi pas ? Mais d’autres y viennent « poussés par quelque chose qui ne s’explique pas »
Si l’on devait tracer un bref historique, on commencerait par dire que le mot Méditation est expliqué dans notre vocabulaire comme étant un acte qui permet de réfléchir en silence à une question donnée et lui trouver le sens qui cerne le mieux la totalité des réponses qui se seront présentées. Les Méditations poétiques de Lamartine vont dans ce sens : chaque poème exprime une idée sur un thème.
Aujourd’hui, le mot est utilisé un peu à tout bout de champ et recouvre des réalités diverses et variées.
Dans notre société moderne, beaucoup s’enthousiasment de voir la méditation entrer en entreprise ; je dirai : « pourquoi pas ? si le but est véritablement humaniste et non mercantile, c'est-à-dire si c’est pour alléger une part de souffrance, et non pas pour rendre les employés plus dociles et productifs grâce à une technique de « mieux-être ».
Mais qu’est-ce que méditer ? Comment médite-t-on ? Y a-t-il une technique ? Et dans l’enseignement de yoga que je transmets, qu’est-ce que la méditation ?
Je donnerai déjà la parole à Éric Romeluère, moine bouddhiste, qui, dans une longue
conférence, a abordé le sujet avec beaucoup de sincérité et d’humilité ; il a expliqué ce qu’était la méditation zen, puis a brossé un consciencieux historique de cette forme de méditation qui connaît un véritable engouement en Occident. Et il dit ceci : « Dans la méditation zen, on observe le rien ; on n’est pas le spectateur non impliqué qui observe ce qui défile sur l’écran mental, comme je l’ai lu moi-même récemment sur un site qui prétend enseigner la méditation zen, mais on se met dans la posture où il n’y a rien à observer ». Et voilà, c’est dit : la césure est bien là. La méditation telle que proposée actuellement dans la plupart des centres de méditation, en entreprise ou ailleurs, permet aux personnes qui s’y adonnent de se mettre en état d’observateur par rapport à eux-mêmes, mais sans faire taire leur capharnaüm intérieur. Il s’agit donc simplement d’un état de « recul » très loin du sens donné en zen ou en yoga.
Éric Romeluère explique aussi qu’entre le moment où la méditation est arrivée en Occident, vers 1960, et aujourd’hui, il y a eu une profonde transformation de celle-ci – pour ne pas dire dégradation ou déviation - pour l’adapter à l’Occident. Aujourd’hui, c’est cette nouvelle forme, qui n’a plus grand-chose à voir avec le Zen qui est enseignée. Et que, plus étrange, certains moines de tradition zen ou bouddhiste se mettent eux-mêmes à adopter cette nouvelle forme. Mais est-ce toujours de la méditation ?
Comment médite-t-on en yoga?
Le point de vue du yoga que j’enseigne répondrait « non », en expliquant simplement que tant que le processus discursif du langage, tant que des images apparaissent ou disparaissent, tant que le souffle physiologique continue d’aller et venir, le pratiquant ne « médite » pas.
En yoga, trois étapes sont distinguées :
Lorsque je décris ceci, beaucoup me disent « impossible, on ne peut pas s’arrêter de penser et de respirer ». Je réponds alors simplement : « pratiquez, mettez vous sur votre tapis, faites et refaites, et vous connaîtrez cet état, accessible à tous sitôt que, comme pour le piano ou la danse, vous pratiquez régulièrement, patiemment! »
La méditation, dans un chemin spirituel, cherche au-delà du bien-être qui en découle naturellement, à dépasser et transcender un état ordinaire pour rejoindre le vide.
Voilà, dans les traditions spirituelles, ce qu’est la méditation.
Alors, doit-on s’attrister de la « déviation » du sens du mot méditation aujourd’hui ? Doit-on se lamenter de la récupération via un phénomène de mode, de cette pratique transformée, comme le dit Éric Romeluère, en outil du capitalisme marchand ? Doit-on s'insurger contre toutes ces techniques de bien-être qui monnaient des stages de " pleine conscience" à prix d'or avec des centaines de participants?
Non, surtout pas, car on ne sait jamais où un chemin peut conduire. Certains « méditeront » toute leur vie pour aller bien, et pourquoi pas, si cela leur fait du bien. Il serait vain ou prétentieux de condamner cette recherche. Et mon optimisme naturel me laisse même penser que, parmi ceux-là, certains, poussés par quelque chose qu’ils ne sauront pas nommer, s’engageront dans une voie ou une autre – le zen, le yoga, le bouddhisme ou tout autre chose encore – et continueront leur voyage autrement. Le phénomène de mode leur aura simplement donné la première impulsion. De toutes façons, " tout ceci passera un jour, " même cet univers tel qu'il est aujourd'hui... alors!...
Dans un prochain article, je reviendrai sur la « pleine conscience ».
Concentration ou méditation ?
On pense parfois que la méditation est une activité intense de l'esprit : c'est précisément tout le contraire. Mais l'état méditatif ne survient que lorsque les cinq sens se sont complètement effacés, voir résorbés les uns dans les autres suivant un ordre précis... Il est donc plus réaliste de parler dans un premier temps de " concentration" qu'on appelle dharana. Le yoga est d'une très grande richesse concernant ces techniques et il propose un très grand nombre de techniques pour entraîner le mental à la concentration, afin de lui permettre de pouvoir ensuite entrer véritablement en « méditation ». Les premiers entrainement sont souvent laborieux, le pratiquant s'habitue à l'immobilité et trouve même agréable de fixer son attention sur une seule chose : un son, une image, un mantra, un yantra.
Lorsque souffle et mental sont en union parfaite, une première étape est franchie : l’air s’est complètement subtilisé, le corps ne respire plus avec les poumons mais avec l’énergie du Prana et le mental a cessé de fonctionner… il n’y a plus du tout de pensée discursive en arrière plan. Souvent dans le même temps s'est réalisé Pratyahara », le retrait des sens, comme si la barrière qui sépare le monde extérieur du monde intérieur s’était aboli, ouvrant de nouveaux espaces, un nouvel univers.
Si vous vous observez un peu dans la journée, vous verrez que vous n’arrêtez jamais de penser. Les pensées passent dans le ciel mental comme des nuages ; cela ne s’arrête jamais. Mais avec les techniques de yoga - ou d'autres traditions - il est possible d'arriver à suspendre souffle et mental : les deux vont de pair, ont une influence l'un sur l'autre, et lorsqu'ils s'immobilisent ensemble, une nouvelle étape est franchie.
Avant d’arriver à ces sublimes états méditatifs, qui amèneront Dhyana ( la méditation à proprement parler) de nombreuses techniques permettent déjà de travailler la concentration en apprenant à :
- Rester parfaitement immobile, comme une statue, rien ne bouge.
- Rester parfaitement concentré en fixant sans relâche son attention sur un support : son, souffle, flamme, yantra, image, sensation physique, cakra, image mentale… l’arsenal est très vaste !
- Repérer précisément quand la concentration vacille, ce qui est impossible dans la vie courante, pris par toutes nos occupations, tâches, activités quotidiennes et domestiques, conversations, supports médiatiques, loisirs, etc.….
Voici quelques techniques qui sont au programme de notre formation, les deux premières années, afin d'entrainer le corps, le souffle, l'énergie et le mental à s'unir : Tratakam, Taraka, concentration sur le son du bol, concentration sur le son intérieur, Antar muna, concentration sur différents yantra ( Mukti yantra, sahasraha yantra, concentration sur une image, concentration sur les cakras, concentration sur un point, concentration sur le souffle, concentration sur le bout du nez, etc…
Toutes ces techniques ont un but : immobiliser le corps, fixer la pensée sur une seule chose, faire fusionner le souffle et la pensée… c’est à partir du moment où souffle et pensée fusionnent que l’état méditatif peut commencer…
S'il y en a autant, c'est parce que les yogis ont toujours pensé qu'il y a une infinie diversité d'êtres humains sur terre, et que chacun pourra donc trouver la technique qui lui convient le mieux.... quand c'est le cas, il n'y a plus qu'à travailler en se laissant porter par elle.... faire et refaire, sans rien attendre, mais ne jamais s'arrêter... tel est le secret... ce que l'extraordinaire Giacometti avait traduit par " commencer, continuer, commencer, continuer...."
Dans ces pages, certaines techniques seront détaillées au fil des jours.
Tratakam est une concentration facile et agréable car elle se fait sur un support : c’est la flamme d’une bougie. Il suffit, en assise, de poser son regard sur le point le plus lumineux de la flamme d’une bougie puis d’observer celle-ci et le mental.
Le nom sanskrit de Tratakam vient de : Tratak : poser un regard sur un point
La flamme de la bougie permet de se rendre compte de l’instabilité mentale et cette observation peut aller très loin. Grâce à la bougie, on se rend compte alors que la stabilité mentale est impossible (du moins au début) et on apprend à rester concentrer sur un seul point.
Grâce à cette concentration, on observe des petites coupures dans la concentration, dans la continuité. On réalise qu'il est impossible de ne pas faire ces petites coupures. On se met alors en état d’observateur : la pensée va et vient, sans cesse.
Le but de Tratakam est de prendre conscience de ces processus.
Pour cette technique, il y aura quatre phases dont voici les détails :
1ère phase – Durée minimum pour débuter : 1 minute.
Vous prenez une posture assise au choix, devant une flamme posée à l’horizontal devant soi sur un support, à environ 50 centimètres des yeux. Il faut que la flamme soit très précisément à la même hauteur que votre regard, pour qu’il n’ait ni à se baisser ni à se lever. Prenez de préférence une vraie bougie plutôt qu’un photophore, ou bien une lampe à huile qui permet que la flamme soit bien stable et la luminosité importante.
Là, vous allez fixer le point le plus lumineux de la flamme en restant détendu, sans crispation mais parfaitement concentré sur ce point lumineux. Idéalement, les yeux ne doivent pas « ciller » ni « cligner ». Vous verrez qu’au début, ce sera impossible, vous allez cligner comme un hibou, et vos yeux s’empliront de larmes. Laissez faire, observez, et maintenez fermement le cap mais sans acharnement.
Comme pour Nasagra mudra, vous allez sentir et faire le lien entre les yeux et le Mulabandha, de façon détendue mais avec une grande concentration.
Tout en vous concentrant sur la flamme, vous allez devenir le témoin de votre souffle à l’intérieur de la colonne.
Vous pouvez entendre en même temps que le souffle, le mantra SO/ HAM ou HAM/SA, comme si c'était le souffle qui vous respirait et non l'inverse.
2ème phase – Durée minimum pour débuter : 1 minute.
Vous allez vous rapprocher un peu et là, vous allez faire aller et venir le souffle comme s’il allait de la flamme aux yeux. Vous vous observez encore avec plus d’acuité en train de faire la pratique en fixant vraiment intensément mais sans tension le point le plus lumineux de la flamme.
Au fur et à mesure, vous prendrez conscience de la nature du « feu » pour la flamme ET les yeux.
Au bout de trois minutes minimum (plus si vous êtes bien) vous fermerez les yeux pour entrer dans la
3ème phase : durée minimum pour débuter : 1 minute
Cette fois-ci vous allez littéralement entrer dans la flamme et ne plus voir qu’elle et vous concentrez sur elle. Rien que la flamme. Bien évidemment, les coupures interviendront toujours, le mental se manifestera : observez le simplement et revenez à votre concentration.
Pour renforcer votre concentration vous pouvez fixer avec encore plus d’intensité la flamme, tout en sentant le lien entre les yeux, le Mulabandha et en restant immobile comme une statue.
Vous observerez que de fois en fois, la concentration dure plus longtemps avant que le mental ne réapparaisse.
Au début ce sera 1 seconde à peine – et c’est déjà quelque chose de merveilleux que de le sentir - puis peu à peu, ce temps s’allongera.
4ème phase – temps libre
Enfin, vous fermerez les yeux. Et là, vous allez regarder l’image rémanente et vous concentrez de la même façon sur l’image rémanente que vous l’aviez fait les yeux ouverts. Vous resterez ainsi tant que l’image apparaîtra et que vous pourrez maintenir la concentration sur elle.
A la fin de la pratique, vous pouvez si vous le voulez vous allongez pour observer. Laissez le souffle reprendre sa place – vous verrez qu’au cours de la concentration, il s’est amenuisé et restez là tranquillement le temps que vous voulez.
En conclusion :
Cette technique est réputée pour entretenir la jeunesse des yeux, et apporter beaucoup de calme. Comme toujours, dans nos écoles de yoga, ce n’est pas son objectif premier, mais ces bienfaits sont extrêmement appréciables.