D’où ça vient ?
Ce yoga appartient à la voie du yoga tantrique. Des allusions sont clairement faites à ce type de yoga dans des traités anciens, comme le Vijnana bhairava tantra. Satyananda Saraswati, auteur d’un livre intéressant à lire, n’est donc pas à proprement parler le créateur de cette méthode très ancienne. Il l’a fait découvrir en Occident, mais ces techniques de sommeil conscient sont millénaires, tout comme le yoga tantrique qui plonge ses racines 7 ou 8000 ans dans le passé. Quand on lit son ouvrage, on voit qu’il a « redécouvert » cette technique, mais il n’en est pas le créateur.
Il ne faut pas confondre le yoga nidra avec la relaxation. En Occident, une fois encore, les cours ont souvent transformé le yoga nidra en séance de relaxation finale. Etre complètement détendu est la condition sine qua non pour faire du yoga Nidra, mais pas le but final.
Traduire Yoga Nidra donnerait : yoga du sommeil, et plus particulièrement de l’espace qui contient les rêves.
Le yoga Nidra apprend dans un premier temps à s’endormir consciemment sur demande. Puis on peut commencer à explorer le sommeil et le rêve qui devient méthode de connaissance.
Comment c’est fait ?
Pour pratiquer et s’entraîner au yoga nidra, on dispose de multiples petites techniques très simples à faire le jour ou la nuit lorsque l’on se réveille et des séances plus longues qui permettent de voyager « en spectateur » dans le monde de l’entre deux et ses méandres.
Mais on reste le spectateur à chaque instant.
Pour faire ces voyages dans l'entre deux, on utilise des symboles qui permettent la mise en relation de deux niveaux de l’univers qui en principe ne communiquent pas.
Les cakras, par exemple, où sont tous les contenus, mettent en contact avec la structure énergétique. En outre, ces voyages lèvent de nombreux tabous sur les grands thèmes qui hantent l’être humain au cours de sa vie et amène une plus grande connaissance de soi/Soi.
Pour le yoga Nidra une « bonne nuit » est une nuit où on se réveille de très nombreuses fois. Pourquoi ? Parce que les réveils nocturnes permettent d’observer le chaos du mental quand on est dans cet entre deux si particulier : l’ordre du mental, si rangé à l’état de veille, s’effondre dès qu’on s’endort. Avec les techniques de yoga Nidra, on a accès à cet espace qu’on peut explorer. D’où l’intérêt des réveils fréquents – une dizaine de fois au cours de la nuit - qui sont autant de chance de faire cette exploration, d’observer le chaos, la désorganisation du mental. Ce travail sur le sommeil amene non seulement à se réveiller souvent mais aussi à moins dormir.
A quoi ça sert ?
Pour les Yogin, il y a trois états pour tout le monde + un quatrième pour les sages
Jagrat est l’état de veille, commun à tous
Sapna : c’est le sommeil avec rêve
Suchupti : c’est le sommeil profond sans conscience
Turya : c’est l’état de sagesse pour les Yogin : ils gardent la conscience quoiqu’ils fassent, la conscience du soi.
Le yoga Nidra apprend à vivre le deuxième état avec conscience, et peut même, pratiqué assidûment, amener dans les deux autres états. Il est une forme de méditation allongée. Il y a des états qui sont très communs avec la méditation. Comme il faut être très détendu pour faire du yoga Nidra, celui-ci apprend à repérer et défaire les tensions du corps, du mental, du souffle.
Ce qu’on pense être la conscience en général n’a rien à voir avec les réelles prises de conscience qui existent et s’affinent lors de tout travail spirituel. On pense être conscient et pourtant à aucun moment, on est réellement l’observateur « indifférent » de sa propre vie. Le Yoga Nidra apprendre à devenir le spectateur. Il peut aussi entraîner dans la découverte du Soi, tout comme le yoga. C’est un autre chemin pour parvenir au même but. La finalité reste bien la même, mais pas d'autres voies d'accès.
Les trois petites questions sont un petit hommage à ma chère professeur de philosophie de terminale, d'il y a 35 ans, madame Le Moal!