Yoga, corps énergétique et vibration sonore - partie 2
Du A au Ha : déploiement et résorption de l’univers sur la trame du Om
J'ai rédigé cet article à la lumière de ma connaissance du sanskrit que j'étudie depuis 4 ans maintenant.
Quand on fait du yoga, on prononce énormément de bijas en ne comprenant pas toujours, si le professeur n’a pas le temps de l’expliquer, pourquoi tel bija plutôt que tel autre ;
Pour commencer rappelons que la première lettre de l’alphabet est le A et la dernière Ha, visarga qui se prononce HHa, en expirant le H. Tout l’univers se déploie de l’une à l’autre.
Dans le A, vibre la conscience de Shiva lui-même. Après le A vient dans l'alphabet la voyelle I qui est l’énergie de Shakti. Dans la philosophie tantrique, Shakti est le pouvoir de Shiva. ( shakti signifie puissance en sanskrit). Il est donc naturel que la deuxième lettre lui soit associée.
Le A est d’un blanc lumineux, car les vibrations sonores deviennent lumière, et le I est rouge. Il est montré en astrophysique que dès la naissance de l'univers et de la purée cosmique d'où sortira tout l'univers, une couleur rouge orangée apparait en première. Mais je reviendrai sur les correspondances philosophie tantrique astrophysique plus tard.
Voilà pourquoi dans certaines visualisations, comme Kurmasana ou Yoga mudra par exemple, le souffle ira du cakra de la base, là où Kundalini qui n’est autre que Shakti à l’échelle de l’être humain a fini sa course et s'est lovée, endormie, avec l’écoute du I et la visualisation de la couleur rouge, à Ajna avec l’écoute du A et le blanc lumineux. Ces visualisations sont communes à nombre de techniques issues du yoga influencé par l’école Shivaïste non dualiste.
On parcourt dans les deux sens le déploiement et le " repli" de l'univers jusqu'à ce que quelque chose se supspende.
De la sorte, les mantras Hrim, Klim, Strim, Sthrim, Rhim, etc, en un mot tous ceux qui contiennent la lettre I sont associés à Shakti, l’énergie créatrice de Shiva.
Les mantras dans lesquels résonnent le A, mettent en lumière la conscience divine qui entre en jeu et son absorption possible en elle si le I de Shakti l’a rejoint et fusionné avec lui.
Deux exemples pour illustrer cela.
1) Ham Sa So Ham
Le mantra Ham-Sa(h) est le son naturel du souffle disent les textes traditionnels, tel la shiva samhîta par exemple. Mais Ham-sah désigne aussi en sanskrit l’oie sauvage, ou cygne Hamsa(h). Il est la monture de Saraswati, Shakti du pubis, de svadistha. C’est précisément là que naît le souffle subtil, le HamSa. On ne saurait être plus éloquent, tout se joue avec deux bijas seulement qui entretiennent toute la dualité.
En sanskrit :
Ham signifie Je
Sa(h) pronom ou article signifie « Il. » Il désignant Shiva, l'absolu.
Il faut donc comprendre JE ( est) Il ( en sanskrit le verbe être n'est pas exprimé s'il est sous entendu de façon claire)
Le souffle entre à l’inspiration avec le Ham et est expiré avec le Sa, entretenant la dualité de l’individu à l’infini. Cet individu qui se croit séparé du tout. Il suffit qu’il se suspende et tombe pour que le Om-AUM se révèle, même un court instant. Répété dans l’autre sens Sa-Ham par le jeu du sandhi devient So Ham. Lui est moi. Car seule la maya donne l'illusion d'être séparé de ce tout.
A chaque instant, le pratiquant se rappelle qu’il est le tout en récitant le mantra qui finit par devenir naturel, même lorsqu'il ne le récite plus. Le mantra résonne en lui, fluidifiant toute sa structure énergétique et permettant au prana de mieux circuler en lui.
2) AHAM MAHA
Décomposons A /Ha -M
A : première lettre
Ha : dernière lettre
Entre ces deux lettres, tout l'univers qui se déploie car pour les Indiens l'alphabet sanskrit contient tout cet univers.
M : Nasalisation de la résonnance : A-ham est également un pronom personnel pour Je qui contient la conscience de Shiva, le déploiement de l'univers via sa shakti et la résonnance qui se prolonge.
En miroir, AHAM donne MAHA qui signifie grand.
Il est souvent récité en cette formule AHAM MAHA en faisant aller ses yeux d’un point à un autre, puis en sens inverse, pour se fondre au tout avec cette idée que « je » ( suis) « Tout » et que « Tout » (est) Moi. Le verbe être est souvent supprimé dans des phrases courtes en sanskrit si le sens est évident.
Toutes ces formules, répétées en Japa, c'est-à-dire en récitation en boucle, permettent au pratiquant de mettre en vibration la part d’énergie divine active dans chaque bija et peu à peu, au fil du temps, de mettre en vibration sa propre structure énergétique, véritable toile de sons. Il harmonise ainsi son être sur la vibration de l’univers, et peut même remonter à la source de celui-ci. L’unité perdue est retrouvée.
Dans un prochain article, j'expliquerai comment le bija Om d'origine est devenu AUM.
A lire sur ce blog : Yoga, son, vibration, cosmos et divin, première partie