La plupart des explications avancées pour ce nombre de graines, fruits d’un pin de l’Himalaya et dont le mot vient de l’assemblage rudra+ aksha, qu’on peut traduire par larmes de Rudra, Rudra étant l’une des formes de Shiva sous son aspect homme-medecin, se contentent d’attribuer à chaque chiffre une symbolique comme suit :
1 représente l’unité originelle
0 est le vide sans lequel il ne peut y avoir le retour vers l’unité
8 se place au-delà de l’espace et du temps.
Mais l’explication est plus subtile.
L’être humain, microcosme, est composé de tout ce qui se trouve dans le macrocosme. Sa forme seule lui donne l’illusion d’une séparation qui n’existe en réalité pas. La pratique spirituelle vise à faire tomber cette illusion et le mala est l’un des moyens qui peut l’y aider. Il retrouve ainsi l’unité originelle, temporairement ou définitivement, selon.
Sans télescope ni instruments de mesure astronomique, les Indiens, qui avaient une connaissance développée de l’astronomie, savaient que le diamètre du soleil est 108 fois supérieur à celui de la Terre, nombre plus proche de 109 que de 108, raison pour laquelle le mala a une 109 ème graine hors collier.
Sur le plan symbolique, le soleil est le Brahman, le Tout. En égrenant le collier de graines, le pratiquant non seulement parcourt le diamètre du soleil mais aussi il s’unit au tout; pendant plusieurs mala, tenu dans une main levée que le pouce fait tourner, le collier finit par « tourner de lui-même », l’énergie prenant le relai, pour peu que la méditation dure au moins une heure ; la fusion avec le Tout est même possible, si c’est l’état méditatif qui fait à la place du pratiquant. Car on ne médite pas. Tant qu’il y a volonté du Je, il n’y a pas de méditation.
A la fin, le pratiquant immobilise son pouce et index en chin-mudra, union du soi avec le Soi, sur la 109 graine.