( photo 2006)
La pratique du yoga au fil du temps…comme maintenir tamas, rajas en harmonie et accueillir sattva.
Il est assez rare que l’on commence le yoga à 20 ans et si on le fait, la plupart du temps, c’est dans une recherche de souplesse avant tout. Lorsque je m’y suis mise,sans m'encombrer de la philosophie du yoga, je dansais depuis pas mal d’années. Levée à cinq heures du matin, j'enchainais les postures pendant une heure. Le reste de mon entraînement consistait en une douzaine d’heures de pratique de la danse, une à deux heures de course à pied, et 2 fois
Un peu plus tard, comme en parallèle, j’allais au dojo zen du 13ème arrondissement, j'ai eu envie de suivre une formation sérieuse de yoga. Comme rien de ce qui était proposé à Paris ne me plaisait, j’ai opté pour la formation de Tikhomiroff, qui correspondait bien à ma vision du yoga. J’ai alors découvert d’innombrables pranayama et les grands mudras.
J’ai continué à danser et sauter pendant pas mal de temps et j'avais alors ma compagnie de danse, que je rejoignais en vélo,
J’ai découvert à ce moment là ce que le changement hormonal impose au corps même si je n’ai eu aucun des signes de la ménopause sans doute grâce au yoga. Mais c’est tout de même une première petite mort … quand on a dansé toute sa vie sans se soucier de savoir si un jour l’énergie inépuisable ne serait plus là, ça fait un choc. Car c'est très brutal. En deux ans tout change.
Et c’est là qu’on est heureux d’avoir pris le temps d’installer une pratique régulière de yoga.
Peu à peu, le corps perd de son élasticité, puis l’endurance cardio passe progressivement de 220 pulsation minute à environ 170… il faut apprendre à travailler autrement et renoncer aux chorégraphies longues qui emmènent le cœur au delà de ses possibilités. (Pour un calcul simple, on retire son âge de 225 pulsation, si on a 55 ans par exemple, il ne faut donc pas rester à 170 pulsations minutes ni dépasser ce point de repère sur un temps trop long, sinon le cœur s’épuise et peut conduire à une « crise cardiaque ». )
Pourquoi est-ce que je vous raconte tout cela aujourd’hui ?
(C'est la deuxième fois que je vous raconte ma vie cette année, ça ne va pas du tout!!!!)
Premièrement, parce que le yoga et sa pratique régulière aident réellement dans tous ces deuils successifs. Ce sont des deuils. Des pertes progressives. On apprend tellement sur le tapis à écouter sa voix intérieure, à écouter sa vibration profonde, que l’observateur en nous regarde avec bienveillance toutes ces mues successives, et aide à trouver peu à peu le détachement. Beaucoup de gens vivent les transformations hormonales en prenant des hormones d’appoint ou toutes sortes de choses, sans écouter le corps lui-même, et en se mettant des œillères pour ne pas voir les choses trop directement en face. Le yoga est donc vraiment précieux, à l’heure où l’image et la jeunesse sont omniprésentes dans nos sociétés. Le yoga apprend à vieillir et à l’accepter, mais sans baisser les bras. Au contraire, il accompagne ce processus naturel et prépare peu à peu au rendez-vous avec la mort.
Deuxièmement, les asanas peuvent toujours être pratiquées avec la même intensité intérieure, même si le corps perd de sa souplesse et/ou de sa force. On ne fera plus les grandes flexions arrière comme à 20 ans, mais, installé dans une posture, on a tout le loisir de continuer à observer comment l’énergie et le mental s’unissent pendant la tenue des asanas. On observe aussi qu’on est de plus en plus à l’aise dans l’immobilité.
C’est que rajas qui domine l’enfance et la première partie de la vie de l’individu, - cela explique que les enfants sont toujours en train de sauter, de bouger, de s’agiter, et que le pire qu’on puisse leur infliger, c’est de les immobiliser sur une chaise 7 heures par jour, comme en France, à l’école ! - s’efface peu à peu pour laisser la place à tamas. Et c’est là que le yoga joue encore son rôle : ne pas laisser tamas endormir voir momifier le corps jusqu’à lui faire perdre la mobilité. Beaucoup de techniques permettent de garder l’équilibre entre les trois gunas. Ainsi, s’il est plus « difficile » de se mettre aux postures, on est tout heureux d’entrer sans peine dans les longues pratiques méditatives grâce à ce coup de pouce de tamas, car rajas s’effaçant, il est à présent plus aisé de rester immobile, pour peu que l’on pratique le yoga depuis plusieurs années déjà, car il faut aussi que le mental ait été pacifié, sinon, on est immobile, mais le mental lui, saute comme un singe dans tous les sens !
Les mudras et le pranayama ne sont pas affectés par l’usure du corps. Puisque tout se joue sur le plan de l’énergie et que celle-ci est indépendante du corps physique.
Ainsi, le yoga permet de continuer sa route, malgré un corps physique qui vieillit peu à peu. Après, comme toujours, tout le monde est différent, sans doute certains garderont certaines facilités physiques, pour d’autres, ce sera plus difficile, c’est là tout l’héritage génétique ; si vos parents ont eu de l’arthrose, de l’ostéoporose, des problèmes de hanches ou de genoux, sans doute ne serez-vous pas épargner, mais là encore, le yoga ralentira le processus. Même chose pour le vieillisement oculaire.
Mais me direz-vous, on ne fait pas du yoga pour entretenir la jeunesse du corps ? Si ?
Je répondrai : comment voulez-vous continuer la pratique du yoga passé 60 ans si précisément le corps ne suit plus ? Donc, il est important de conserver le potentiel de ce corps physique. Bien sûr, on pourrait axer sa pratique uniquement sur les mudras, le pranayama et la méditation, c’est vrai. Mais puisque la possibilité est offerte de converser un corps en bon état, il serait dommage de renoncer aux asanas, ces pièges à énergie qui préparent si bien les mudras. La méditation, elle, amène ces états sattviques indescriptibles!
Enfin, cela explique pourquoi je n’aime pas ces idées de « yoga pour les seniors », parce que cela est un concept occidental, une fois encore. Si on débute le yoga à 60 ans, bien sûr qu’il va falloir adapter beaucoup de choses, mais si on le pratique depuis dix, quinze ou 20 ans, voire plus, on continuera intelligemment sa pratique, le yoga est du yoga, et il n’y a pas plus de yoga de la femme enceinte, que de yoga senior.
Il y l’union des trois corps pour aller vers le Soi.
Je ne résiste pas à mettre cette vidéo qui me rappelle l'ambiance des cours de danse d'autrefois, sauf que filles et garçons, nous dansions ensemble. Et l'énergie dansait avec nous!