Yoga, Soi et pouvoirs occultes ou magiques! ( Quel programme!)
Depuis que j’enseigne, j’ai eu quelquefois bien que rarement des demandes incongrues de personnes qui, au bout de six mois de cours plus ou moins réguliers, me disent qu’ils sont très déçus car ils espéraient acquérir des pouvoirs magiques : ils pensaient qu’ils seraient capables de quitter leur corps, de naviguer dans l’Akasha, de rencontrer des maîtres, de voir le futur. Ils ont d’ailleurs lu sur le net que certains ont ces pouvoirs. Et comme je leur réponds que ce n’est pas le but du yoga, et qu'ils ne m'avaient pas dit que c'était là leur quête en s'inscrivant à mes cours, souvent ils ne continuent. Je suppose qu’ils vont chercher leur bonheur ailleurs ou bien encore qu'ils pensent que je n'y connais rien! Ce qui n’est nullement un souci car chacun est libre de faire sa route comme il l’entend.
Mais puisque je tiens ce blog, et bien j’en profite pour éclaircir quelques points difficilement accessibles par l’intellect, le raisonnement, ou toute autre chose de ce genre.
Les êtres réalisés – Jésus, Bouddha, Shankara, Maharshi ou d’autres – ont tous fait l’expérience du Soi, c'est-à-dire de la totalité. Ils ont vécu en direct cette fusion d’avec le Tout. Ce tout englobe l’univers lui-même puisqu’il prend sa source même en lui. Il n’y a aucun mot pour décrire cela, seulement des images. Mais toutes malheureusement sont bancales, car l’intellect la plupart du temps ne peut se représenter que le monde manifesté et pas le Tout.
Le deuxième souci qui empêche de comprendre cela est l’identification de l'individu d’avec le corps. Les neurosciences d’aujourd’hui n’aident d’ailleurs en rien.
La troisième est de faire un mélange entre la pensée, le fait de penser et l’âme.
D’aucun diront que l’âme n’existe pas, que tout est dans le cerveau et périt avec lui.
Soit.
Une fois ces « problèmes » écartés, tout est plus facile à percevoir, car il ne s’agit pas de comprendre. La perception se fait par l’intuition pure qui est la connaissance en direct, sans filtre déformant. Si vous avez fait l’expérience de comprendre que votre mental n’est qu’un poste de radio qui fonctionne jour et nuit, d’avoir senti que votre corps n’est qu’un véhicule, comme on monte dans une auto – il y a bien des gens pour qui la voiture est la prolongation d’eux-mêmes, d’ailleurs, haha ! – et bien, sans doute comprendrez-vous mieux ce qui suit.
Avoir tous ces pouvoirs extraordinaires n’apportent rien de plus à la réalisation. On peut être clairvoyant, clair-audiant, télépathe, guérisseur, avoir le don d’ubiquité, être capable de quitter son corps et de se balader comme dans Inception, tout cela se fait dans le monde manifesté certes un peu plus vaste voir beaucoup plus vaste que le monde « quotidien » mais au fond guère plus. Même David Bowman, dans 2001 du génial et mystique AC Clark, n'a pas rejoint l'absolu même s'il est devenu l'enfant des étoiles, récupéré qu'il a été par des ET après avoir été éjecté de son vaisseau par l'affreux ordinateur Hall 9000 ( initié par le professeur Chandra, ce qui veut dire lune en sanskrit).
Le cinéma d’aujourd’hui le montre d’ailleurs très bien : les super héros sont en général tous très malheureux, malgré leurs magnifiques pouvoirs, qu’ils s’appellent Magneto, le Professeur Xaxier, Captain America, Thor, Jean ou Mystic, Docteur Strange ( je les aime tous! ) et j’en passe : eux aussi sont à la recherche de l’absolu !
La mythologie grecque ou germanique ne dit pas autre chose : les pouvoirs n’ont rendu heureux, ni Wotan, ni Cassandre, ni Tirésias !
Une fois de plus, je laisse la parole à Maharshi, qui était souvent sollicité sur ce genre de questions ; voici ce qu’il répond à un de ses visiteurs à Tiruvannamalai.
Question : n’est ce pas une bonne chose que d’acquérir des pouvoirs occultes, comme la télépathie, la vision, ce qu’on appelle les siddhis ?
Maharsi : Toutes ces facultés sont des facultés du mental, qu’on voie ou entende de près ou de loin ne change rien au fait de voir ou d’entendre. Le facteur fondamental c’est l’auditeur, le sujet ; en l’absence d’auditeur ou de voyant, il ne peut pas y avoir d’audition ou de vision. Les pouvoirs occultes sont aussi des fonctions du mental. Ils ne sont pas naturels au Soi. Ce qui n’est pas naturel mais acquis ne peut pas être permanent et ne vaut pas la peine que l’on s’efforce de l’obtenir.
Les siddhis sont des pouvoirs à longue portée. Un homme ordinaire a des pouvoirs limités et se sent misérable. Il cherche à augmenter ses pouvoirs afin d’être heureux. Y parviendra-t-il vraiment ? Si l’on considère que les gens sont malheureux avec des facultés de perception limitées, alors on peut en conclure que leurs malheurs s’accroîtront proportionnellement à l’augmentation de celles-ci. Les pouvoirs occultes n’apporteront jamais de bonheur à qui que ce soit, bien au contraire, ils le rendront d’autant plus malheureux !
Par ailleurs, à quoi servent ces pouvoirs ? Le soi-disant occultiste désire exposer ses pouvoirs afin d’être apprécié par les autres. Il recherche la reconnaissance et s’il n’en reçoit pas autant qu’il le voudrait, il est malheureux. Il faut absolument que les autres l’apprécient. Il peut même rencontrer quelqu’un dont les pouvoirs sont supérieurs aux siens. Il en éprouvera de la jalousie. Un grand occultiste peut toujours rencontrer un occultiste encore plus grand que lui et ainsi de suite jusqu’à ce que survienne quelqu’un qui volatilisera tout en un clin d’œil. Un tel personnage est le plus haut adepte et il est Dieu ou le Soi.