Astrologie et yoga thérapeutique
En Occident, l’astrologie est principalement utilisée pour prédire l’avenir, c’est l’astrologie populaire des magazines, ou bien encore pour faire le portrait de l’individu incarné. Depuis les années 1950, sous l’influence des théosophes comme Dane Rudhyar, puis un peu plus tard dans les années 1980 de l’Américain Stéphane Arroyo, l’astrologie s’est intéressée aux philosophies indiennes et a commencé à intégrer certains éléments de cette philosophie à sa pratique. Elle s’est principalement intéressée aux vies antérieures et à l’axe des nœuds qui indiqueraient plus ou moins clairement les conditionnements passés ; Arroyo a fini par admettre que le thème tout entier parlait du passé et uniquement de lui ; vasanas et samskâras y sont inscrits ; depuis, les choses ont continué à se décanter, et de nombreux astrologues étudient à présent la carte du ciel comme un instantané, celui de l’individu au moment de sa naissance, qui montre ce dont il hérite de ses vies passées (dans l’optique que ce soit bien toujours le même individu qui revienne de vie en vie avec un nouveau corps. Ce qui, suivant les écoles, est loin d’être une certitude. Mais c’est une autre histoire pour un autre article.)
Il est assez facile de faire l’étude d’un thème, d’expliquer le fonctionnement de ce que Jung appellerait la psyché et les Indiens le mental, (qui englobe les fonctions cérébrales mais aussi toutes les mémoires de l'individu), une fois que la personne a compris ses fonctionnements, comment l’aider à les transformer ? L’envoyer voir un psychologue ou psychanalyste ? A noter d'ailleurs que Jung a survolé, en bon occidental qu'il était, la philosophie indienne et en a fait une soupe assez indigeste et superficielle. Si on l'étudie à la lumière de la philosophie indienne, on comprend ses concepts d'animus-anima, psyché, persona, etc, mais malgré tout, la psychanalyse montre malheureusement bien souvent ses limites ; se connaître n’est pas le gage de pouvoir réellement se transformer ; faire remonter les anciens schémas n’en libèrent pas l’individu pour autant. Ni en les revivant, ni par la parole, n'en déplaise à Lacan. Les mots ne détruisent pas les maux, ce serait trop simple… Ils sont toujours là, encore plus apparents, lumineux dans leurs fonctionnements, et c’est tout. Comprendre ne donne pas une baguette magique pour faire disparaître. D’aucuns diront « pourquoi se transformer ? Il n’y a qu’à être ! » Oui, à condition que cela soit possible.
Mais pour « être », encore faut-il parvenir à aider l’individu à se débarrasser de certains schémas qui le ligotent complètement malgré lui; encore faut-il parvenir à l’aider à dépasser ces schémas qui se répètent inlassablement, véritables circuits démons, nullement effrayés ou impressionnés de la connaissance que l’on d’eux. Au contraire, ils en ricanent : « Tu nous connais, mais tu ne peux rien faire, nous dominons ton mental, haha ! Nous te menons là où nous voulons ! Et tu n’y peux rien. » Si vous doutez de ce que j’écris, pensez aux tragédies grecques. Les circuits démons sont les dieux de l’Olympe tout simplement, et l’individu n’a pas de vraie liberté d’action. Il se croit l’auteur de ses actions, mais les dieux le dirigent. On en revient à nos circuits démons.
Une pratique de yoga régulière, profonde, qui utilise largement les mudras, le pranayama et les différentes techniques de concentration permet de retirer les couches les unes après les autres, et ce long processus fait peu à peu émerger la véritable nature ; un peu comme un acteur qui dans sa loge, retire ses costumes et réalise, lorsqu’il est démaquillé et tout nu, qu’il n’est pas le personnage qu’il interprétait sur scène une heure avant ; il n’est que « lui ». Mais malgré cela, certaines choses peuvent rester à l’œuvre, comme des problématiques difficiles à résoudre. Ce sont les fameux samskâras dont parlent les philosophies indiennes. J’ai donc pensé que le yoga, ou toute autre pratique spirituelle pouvaient être une aide concrète pour désancrer ou désactiver ces vieux schémas. Mais le processus est long et il faut accepter de s’adonner à une pratique régulière.
On lit très facilement dans un thème astrologique les schémas qui conditionnent un individu ; on voit ce qui va être à l’œuvre, aussi bien en positif – l’énergie circule facilement, tel domaine sera source de joie ou de satisfaction, - qu’en « négatif » : l’énergie va se bloquer et provoquer des conflits.
Bien sûr, le but du yoga n'est pas de faire émerger l'individu dans sa pureté, mais plutôt de le fondre au TOUT, au soi. Malgré tout, il peut être utile pour traverser une vie, d'avoir des outils pour aider l’individu à dépasser, désancrer, couper à la racine ses vieux schémas. Les neutraliser. Complètement. Le yoga thérapeutique est sans aucun doute l'outil le plus approprié pour cela, car il permet dans une mesure extrêmement large de travailler concrètement sur cet héritage malgré soi, qui inclut l’héritage des vies antérieures – que ce soit la même « âme » ou bien une qui vient se placer dans une lignée ; cet héritage peut s’exprimer à travers des savoirs innés, des tendances innées, un héritage sur le plan génétique comme je l’expliquais plus haut, mais aussi toute une part d’ombre à l’œuvre qui est comme le tour que le potier lance et qui continue à tourner même lorsqu’il ne l’actionne plus : ainsi vont nos vies. Ainsi, le yoga thérapeutique peut-être une aide précieuse dans le cas de thèmes astrologiques qui ligotent complètement un individu. Bien sûr, cela sous-entend plusieurs choses : la connaissance de l'astrologie et celle du yoga.