Le yoga nidra : son véritable but (1)
On traduit souvent yoga nidra par yoga du sommeil ; nidra signifiant en sanskrit le sommeil. Et on ajoute même yoga du sommeil conscient. Dans les années 1960, Satyananda rend cette forme de yoga « à la mode », et on commence à s’y intéresser. On comprend que grâce à lui, on pourra dormir et rêver en étant conscient. On croit même qu’il suffit de poser des écouteurs sur les oreilles en dormant pour apprendre tout un tas de choses sans effort….
Très joli, tout cela, mais ne faut-il pas déjà par définir ce qu’est « être conscient ? »
En fait, les propositions de définition du mot conscience au 21ème siècle sont bien loin du mot qui la désigne en sanskrit : chit. C’est cette conscience qui manifeste grâce à sa propre énergie l’univers tel que la science l’explore aujourd’hui.
Cela veut dire que lorsque l’univers n’est pas manifesté, qu’il est en repos, en sommeil, en nidra, seule existe la conscience suprême non séparée de son énergie. L’univers est résorbé, rétracté, non déployé.
C’est à cet état de fusion d’avec cette conscience initiale, le Soi, qui, manifestée, donne l'univers, lequel est totalement englobé par le Soi, qu’invite toute forme de yoga. L'âme individuelle, jivâtman, telle la goutte d'eau qui retrouve l'océan après son cycle de l'eau (évaporation, nuage, pluie, glacier, rivière, océan = fusion) retrouve l'âtman, l'Ame-Soi. Avant d’être une gymnastique, un outil de connaissance, ou aujourd’hui un "anti stress" dans notre monde hypermoderne, c’est une mystique. Et oui !
Le yoga n’est pas, à l’origine, cet outil de bien être, de développement personnel, de connaissance de soi présenté sur le net ou dans les magazines qui nous rabâchent " be yourself". Le yoga nidra dirait plutôt : " Vous êtes le Tout". Voyez donc l'ironie....
Notre société se sert des multiples outils qu’offre le yoga pour exploiter et développer tout cela et pourquoi pas, après tout ? Souplesse, bien-être, détente, quête de soi même, etc... Mais ce n’est pas son but, sa finalité.
Et alors, le nidra ? A quoi sert-il pour les yogis réalisés ? Pour les yogis réalisés, à rien, pour ceux en quête, c’est simplement une autre façon de faire du yoga, c'est-à-dire de s’unir au Soi, par d’autres moyens que ceux de la méditation qui elle-même etc, etc... Un yogi réalisé vit dans le Soi, et est donc en Yoga en permanence puisque ce mot veut dire union. Pour les autres, cette forme de yoga permet de chercher et/ou de trouver la rencontre avec le Soi et sa fusion en lui. D'ailleurs, il n'y a pas que les yogis qui sont des êtres réalisés. Tous ceux qui portant en eux "le royaume des cieux" le sont.
Si vous connaissez un peu les ouvrages d’Anirvan, de Maharshi, de Silburn, de Jean Klein ou d’autres mystiques, vous comprendrez parfaitement de quoi je parle.
Pour les autres, tout cela peut paraître un peu obscur, donc d’autres articles viendront éclairer celui-là.
Bien sûr, beaucoup viennent au yoga nidra pour apprendre à repérer et défaire les tensions du corps physique et "psychique", et aussi pour comprendre comment « fonctionne » sur le plan physiologique, énergétique et mental l’être qu’ils incarnent sur Terre.
Mais une fois encore, sa finalité est autre : il s’agit de lever le voile sur l’ignorance qui fait que l’individu se croit seul, séparé du tout, agissant librement, vivant par sa propre volonté.
Alors, si on n’est pas mystique, à quoi bon faire du yoga nidra ? Autant faire de la relaxation ou de la sophrologie, non ?
Oui, c’est possible, mais dans un premier temps, le yoga nidra est un savoureux outil de connaissance et quand on sait, dans le monde indien, quelle formidable place tient rasa, mot intraduisible en français, qu’on traduit souvent, à défaut de trouver un terme satisfaisant, par saveur, laquelle met puissamment en résonance, en vibration, le corps que l’esprit et permet déjà un premier contact, même fugitif, avec ce Soi.
Il se pourrait qu’ensuite, tout naturellement, cette saveur, cette rasa donne l’impulsion et la volonté d’éveiller ses plus belles qualités sattviques – conscience, lumière, félicité, amour et compassion, abandon - qui, emplissant peu à peu l’individu, le conduiront peut-être vers une route à laquelle il n’avait pas vraiment songé au début…c’est comme cela que partant de la voie de l’individu on arrive à la voie appelée voie de Shiva après être passé par la voie de l’énergie, même si les trois voies ont tendance à se croiser, à se recroiser, et ainsi de suite. La voie de Shiva est la voie divine, si vous préférez, dans laquelle le mot divine veut dire lumineuse, puis DI, en sanskrit, c’est la lumière : radieux, divin, etc…. tous ces mots parlent e lumière. C'est la voie dans laquelle volonté individuelle et divine ne sont plus qu'une.
Pour clore cet article, je signale mon propre étonnement en découvrant récemment que la nouvelle formation de yoga nidra que je propose, enrichie par des techniques de hatha yoga accessibles à tous, même aux débutants, et par des techniques de yoga nidra inspirées par Silburn, Maharshi, Anirvan, Jean Klein, entièrement reconstruite et repensée en avril 2019, fait étrangement écho au nouveau livre de Pierre Bonnasse, sur le yoga nidra, paru en mai 2019. Comme si, chacun de notre côté, lui par ses écrits, moi par une nouvelle formation audio, disponbile en version numérique ou sous forme de CD et qui offre une guidance de dizaines d’heures de pratiques riches et variées, nous voulions ramener le yoga nidra à son essence première, celle d’être une praxis pour une voie mystique, lumineuse et pleine de sattveur, de sattva, de saveur, de rasa. De Soi.
A lire bientôt :
- le yoga nidra (2)
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- Continuer à faire du yoga quand on dépasse 60 ans.
- Kundalini et le Soi.