Est commencée aujourd'hui une série d'article autour du yoga et de la psychologie, de l'astrologie, de la science du rêve, de toutes ces sciences parallèles dont s'est doté l'Occident, pour tenter de comprendre un peu quels liens le Yoga entretient avec elles, et en quoi celles-ci ont été influencées par lui.
On sait bien que toutes les théories de Jung fortement impressionné par la figure d'Ardhanarishvara - animus, anima, ombre, Soi, etc - sont des compréhensions incomplètes du yoga. Lui même à la fin de sa vie, avouait à mi-mot son impression d'échec. Il avait fait un magnifique tour du mental et des ses labyrinthiques constructions mais n'avait pas été plus loin...
Yoga, karma et psychologie
Réfléxions : purifier avant d’aller vers la lumière
Pour guérir la souffrance, la psychologie s’en réfère à la psyché, c'est-à-dire à la « personnalité » du sujet qui englobe son inconscient. La thérapie a pour but entre autre d’obliger l’inconscient a faire remonter comme des bulles à la surface de l’eau, les contenus qui entravent l’être humain et l’empêchent de se réaliser dans sa totalité. Au cours de la thérapie, le sujet démêle l’écheveau entremêlé de sa propre psyché, entrepend parfois un processus de reconstruction de celle-ci après l’avoir souvent entièrement ou partiellement déconstruite suivant que l’éducation reçue ou la vie traversée l’a éloignée de sa nature profonde, lui causant souffrance et blessure.
Les thérapies ne promettent jamais le bonheur, mais expliquent qu’en comprenant mieux les choses, la maîtrise sur elles est plus grande, l’acceptation aussi, la vie devient plus " compréhensible". Les souvenirs qui remontent à la surface sont sensés se vider de leur contenu traumatique.
La psychologie/psychanalyse ne prétend donc pas guérir - Jung a été très clair là-dessus - mais apporter un meilleur état d’être ; pour se faire, c’est surtout le mental qui est sollicité avec « des mots pour dire les maux ».
La thérapie permet souvent de prendre conscience d’une pièce obscure dont on ignorait jusqu'alors tout, de l’éclairer par le travail d’analyse, et de constater que cette pièce est pleine de poussière et de tout un fatras : il sera possible au cours du travail d'analyse de se débarasser des plus encombrants, dans le meilleur des cas, mais d’autres resteront là à vie. Tout se fait à partir de constructions mentales souvent très fines qui malheureusement ne permettent pas d’éradiquer pas la souffrance mais sont sensées apprendre à l’accepter.
En yoga, une telle préoccupation n’est bien sûr pas au cœur de la pratique. Pourtant, les yogis dans leur quête de l’absolu, vont se livrer à un travail de nettoyage, de purification, mais, si on compare ce travail à celui du psychologue ou du psychanalyse, les yogis ne s’attachent pas à leur histoire personnelle, pas plus qu’ils ne s’intéressent à leur personnage.
Les yogis vont donc rencontrer leurs énergies furieuses, leurs ombres, leurs doubles sombres et par un long travail d’asanas et de pranayamas, purifier tous les contenus qui pour eux ne sont pas seulement localisés dans l’inconscient, mais dans toute la structure énergétique de l’individu, ainsi que dans son mental et son corps physique.
Les yogis savent aussi qu’en travaillant sur la structure énergétique, ils travaillent en parallèle sur les autres corps.
Les outils qu’utilisent le yoga sont donc avant tout le pranayama, le souffle, dont l’action purificatrice par sa maîtrise, très longue et difficile à obtenir, permet de dénouer les nœuds inextricables que l’être humain s’est tricotés dans cette vie et dans les autres.
Au lieu de ne travailler que sur le mental, les yogis travaillent donc sur toute la mémoire des différents corps physique, énergétique et mental.
Sont donc concernés en premier, deux nadis qui influencent toute notre dualité – Ida et Pingala - et trois cakras qui contiennent ce que l’on appelle les Grantis : le cakra de la base, en relation avec notre animalité. Celle-ci doit être non pas éradiquée, mais apprivoisée et maîtrisée ; le cakra du cœur, où loge Ahamkaram, qui nous donne l’illusion d’être un individu séparé de tout le reste. Dans le cakra du cœur, siège donc l’égo, qui n’est qu’un outil mis à la disposition de l’âme. Celui-ci ne doit pas être combattu, comme le prétendent certaines écoles spirituelles, ni éradiquer, mais tout simplement purifié, pour qu’il puisse jouer son rôle sans qu’un méli-mélo d’émotions, de réactivités, d’agitations interfèrent avec le mental et rendent ensuite la vie si compliquée. Il n’est donc qu’un outil, qu’un intermédiaire. Par le travail de yoga et de concentration puis de méditation, peu à peu, l’ego prend la seule place qu’il doit occuper : celui d’un ministre zélé. Il cesse donc de se prendre pour le sujet dans sa totalité. Si cela n'interesse pas non plus les yogis plus que cela - ce travail n'est qu'un petite étape sur leur route - pour la plupart des gens, cette acquisition, cette compréhension change en profondeur le regard que l'on porte sur soi et le monde et apporte une véritable et première " libération", comme un acteur qui sait très bien quand le rideau tombe qu'il n'est pas Hamlet ou Othello, même si pendant tout le spectacle, il a incarné avec tout son être ce personnage.
Le troisième cakra est Ajna : c’est le chef d’orchestre qui dirige, contrôle tous les autres cakras. Il est évident que le chef d’orchestre sera lui-même agité, non stable, sautant d’une idée à l’autre, d’un bonheur à l’autre, d’un désir à l’autre, « tel un singe sautant de branches en branches » quand la structure énergétique est emplie de nœuds et de blocages souvent accumulés de longue date.
Voilà donc dans un premier temps le travail du yoga : apporter de la stabilité mentale, émotionnelle, apprivoiser notre animalité, pacifier le cœur, tout cela grâce aux asanas et au travail du pranayama puis apprendre à se dissocier de l’ego qui croit être le chariot, les chevaux, les rênes et le cocher quand il n’est que le cocher… mais comme ni les chevaux
S’ouvre ensuite un autre travail à partir de la concentration et de la méditation pour accéder à « l’âme ».
Mais l’âme n’est rien ni personne : elle la source de tout, elle est unité, au-delà de la dualité que nous incarnons sur terre.
Cette étape ultime amène l’éveil dans quelques cas rarissimes.
Pour la plupart des autres personnes qui pratiquent le yoga tout en vivant dans le monde, le yoga apporte dans la vie au quotidien une stabilité mentale, émotionnelle de grande valeur, ainsi que la plupart du temps une bonne énergie et une bonne santé. Cela se constate en général au bout de trois ou quatre années de pratique régulière, parfois plus tôt...
Ne pas brûler les étapes
Parfois, dans un travail spirituel, l’étudiant veut brûler les étapes, et pense qu’il est plus facile d’aller vers le haut, que de descendre dans ses profondeurs ; or, si le yoga ne préconise pas d’aller farfouiller dans ses caves et ses souterrains pleins d’affreux souvenirs de cette vie ou des autres en utilisant le seul mental, il encourage, comme nous le disions, à les nettoyer avant d’y amener la lumière. Des techniques sont prévues pour cela, comme, pour n’en citer qu’une le Lion furieux qui permet de rencontrer et de purifier le énergies furieuses que tout être humain héberge en lui même, parfois sans le savoir. C'est la fameuse " ombre" dont parlait Jung. Mais il existe des centaines de techniques, chacune avec une visée particulière.
Car il est vain de vouloir gravir une échelle qui ne reposerait pas solidement, fermement sur le sol.
Les Pères de l’église le savaient déjà qui disaient cette phrase sublime : "connais toi toi-même et oublie toi »
On trouve la même injonction au temple de Delphes : « connais toi toi-même et du connaîtras le monde et les dieux »
Sur un plan mythologique, on peut rapprocher ce travail de purification des douze travaux d’Hercule associés chacun à un signe du zodiaque. Il serait amusant d’imaginer quelle technique de yoga pourrait correspondre au travail de nettoyage des écuries d’Augias, ou du Lac de Stymphale.
Au fond, quelque soit la culture, le message est toujours le même : d’abord purifier ce qui doit l'être, donc être amené à connaître la totalité de son être, y compris ce qu'on ne désire pas savoir ou affronter, avant de vouloir se transcender. Sinon, il y a fort à parier qu'on reste dans l'illusion d'avoir réussi quelque chose qui n'est pas encore né et qu'on prétend ensuite apporter cela aux autres.
Outre que le yoga donne des outils concrets pour faire ce travail de nettoyage, de purification, il apprend aussi à devenir son propre spectateur. Car une autre réalité sous tend toute existence terrestre… l’illusion nous fait croire que nous sommes un individu qui agit, pense librement quand il n’en est rien.
C’est ce que nous verrons dans la deuxième partie de cet article.
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